Chapitre 93.
202. Pétilien. « Quelles relations pouvez-vous donc avoir avec ces princes du siècle, dont la haine jalouse s'est toujours armée contre la religion chrétienne? Il me suffira de quelques exemples. Les frères Machabées ont été persécutés par un roi1. Trois jeunes Hébreux furent jetés dans une fournaise ardente par un roi qui n'était qu'un sacrilège2. Un roi a cherché à faire mourir le Sauveur dès son enfance3. Le saint prophète Daniel fut jeté dans la fosse aux lions par un roi4. Le juge pervers d'un roi a condamné à mort Jésus-Christ5. De là cette parole de l'Apôtre : Nous prêchons la sagesse aux parfaits, non pas la sagesse de ce monde, ni des princes de ce monde qui se perdent, mais la sagesse de Dieu renfermée dans son mystère; cette sagesse cachée qu'il avait prédestinée avant tous les siècles pour notre gloire; sagesse que nul des princes de ce monde n'a connue. Car s'ils l'eussent connue, ils n'eussent jamais crucifié le Seigneur de la gloire6. Mais supposons que ces paroles ne s'appliquent qu'aux rois de l'ancien monde. Quant aux empereurs de ce siècle, parce qu'ils désirent être chrétiens, voua ne leur permettez pas de l'être, car, à l'aide de vos mensonges, vous ne tardez pas à surprendre leur bonne foi et à les amener à prendre part à votre iniquité. Aussi les voyons-nous tourner contre des chrétiens des armes qui ne devaient servir qu'à défendre la république, et se persuader, sur la foi de vos sophismes, qu'ils rendent gloire à Dieu en nous arrachant cette vie que vous poursuivez de votre haine. C'est ainsi qu'ils réalisent cette parole du divin Maître : Il viendra un temps où quiconque vous tuera croira rendre gloire à Dieu7. Grâce à vos mauvaises doctrines, il vous est donc indifférent que les rois de la terre soient païens, quelle horreur ! ou chrétiens, car vous ne cessez de les armer contre la famille de Jésus-Christ. Ne savez-vous donc pas, ou plutôt n'avez vous pas lu que celui qui conseille le meurtre est plus coupable que celui qui l'accomplit ? Jézabel s'était contentée de conseiller à son mari de mettre à mort un homme juste et pauvre, et cependant le roi et la reine eurent à subir le même châtiment8. Pour enflammer le courroux des rois, vous n'avez que trop souvent recours ces séductions féminines, sous l'appât desquelles tant de rois ont succombé. En effet, c'est par l'intermédiaire de sa fille que l'épouse d'Hérode demanda et obtint que la tête de Jean-Baptiste lui fût apportée au milieu d'un festin9. Les Juifs, à l'égard de Ponce-Pilate, usèrent d'une violence telle qu'ils finirent par obtenir le crucifiement de celui dont le sang devait, demandaient-ils, retomber sur eux et sur leurs enfants10. C'est ainsi que vous êtes accablés vous-mêmes sous le poids de notre sang. Sans doute, c'est le juge qui nous frappe, mais notre premier bourreau, ce sont vos calomnies.
« En parlant de la personne du Christ, David s'écriait : Pourquoi les nations ont-elles frémi, pourquoi les peuples ont-ils formé de vains complots? Les rois de la terre se sont levés, et les princes se sont ligués contre le Seigneur et contre son Christ. Brisons leurs liens et rejetons leur joug loin de nous. Celui qui habite au ciel se rira d'eux, et le Seigneur les tournera en dérision. Il leur parlera dans sa colère, et, dans sa fureur, il jettera la confusion dans leurs rangs. Pour moi, il m'a établi roi sur Sion, sa montagne sainte, pour y proclamer ses ordres. Le Seigneur m'a dit : Vous êtes mon Fils, je vous ai engendré aujourd'hui. Demandez-moi, et je vous donnerai les nations pour héritage, et votre empire s'étendra jusqu'aux extrémités de la terre. Vous les gouvernerez avec une verge de fer, et vous les briserez comme un vase d'argile.
« Ne voulant pas que les rois qui se feraient les persécuteurs des chrétiens pussent alléguer pour excuse leur ignorance, le Seigneur ne leur a pas ménagé les avertissements. A ceux qui ne les connaissent pas, que ne nous est-il donné de les -leur apprendre? Vous surtout, il vous serait très-facile de le faire, si vous teniez quelque peu à les voir vivre chrétiennement; du moins, ils auraient pu les lire, si votre méchanceté ne s'y était opposée. Ce premier psaume de David suffirait pour leur persuader de vivre et de régner en chrétiens ; mais hélas! pourquoi faut-il qu'ils ne puissent être que trompés quand ils s'adressent à vous? Vous supposez pour eux tout ce qui este mal, et vous leur cachez ce qui est bien. Ce n'est que trop tard qu'ils lisent ce qu'ils auraient dû lire tout d'abord. Et que dit donc le Prophète? Maintenant, ô rois, comprenez; et vous qui jugez la terre, instruisez-vous. Servez le Seigneur dans la crainte, et tressaillez en lui avec terreur, embrassez la discipline, dans la crainte que le Seigneur ne s'irrite et que vous ne périssiez hors des voies de la justice. Lorsque sa colère s'enflammera contre vous, bienheureux ceux qui mettent en lui leur confiance11.
« Par vos séductions vous tyrannisez les empereurs comme les Juifs ont tyrannisé Pilate, quoiqu'il se soit écrié en se lavant les mains : Je suis innocent du sang de ce juste12. Mais comment donc peut-on se croire innocent du crime que l'on commet? Toutefois, passons sous silence les rois anciens, et veuillez remarquer combien d'empereurs et de juges ont péri en soulevant contre nous la persécution. Sans parler de Néron, qui a été le premier persécuteur des chrétiens, de Domitien, le digne héritier de Néron, de Trajan, de Gète, de Dèce, de Valérien et de Dioclétien, Maximien a fait une mort malheureuse; Marcellin, premier a évêque de Rome, Mensurius, évêque de Carthage, et son successeur Cécilianus, après avoir soutenu la cause de l'encens et laissé brûler l'Ecriture sainte, ne sont eux-mêmes devenus que cendre et; poussière, comme si ces flammes vengeresses les avaient touchés. En applaudissant à la conduite de Mensurius, vous avez été dévorés tsar les remords que devait faire naître cette question de l'encens. Macaire a péri, Ursace a péri, tous vos comtes ont péri sous les coups de la vengeance divine. Ursace, frappé à mort de la main des barbares, a été déchiré par les oiseaux de proie et dévoré par des chiens avides. Marchant sur les traces de ce roi Achab que nous avons vu gagné par sa femme, n'a-t-il pas obéi à vos suggestions et tué le juste dans sa pauvreté13 ? Parce que nous sommes justes et pauvres des biens de la terre, car la grâce de Dieu nous est donnée en abondance, vous ne cessez d'attenter à notre vie. Et quand vous ne nous tuez pas de la main, votre langue perfide ne craint pas de tuer notre réputation. N'est-il pas écrit : La mort et la vie sont dans les mains de la langue14 ? Tous ceux qui sont morts de cette « manière, c'est donc vous qui les avez tués « par le pernicieux effet de vos séductions. « C'est votre langue qui a toujours armé la main du bourreau ; la soif du sang, c'est vous qui l'avez allumée par vos paroles; ce sang du juste, c'est vous qui l'avez répandu, oubliant sans doute qu'il porte toujours avec lui sa propre vengeance ».
203. Augustin. Si je voulais donner la réponse qu'il mérite à ce passage aussi long qu'exagéré et dans lequel vous épanchez à plaisir votre jalousie contre nous au sujet des rois de la terre, ne me verrais-je pas aussitôt accusé par vous de soulever la colère des rois contre votre secte et votre personne ? Selon votre habitude vous lancez vos invectives contre tous les catholiques en général, et vous vous garderiez bien de m'oublier. Cependant je ferai en sorte, si je le puis, de montrer que l'excitation à la haine est contenue dans vos paroles et non point dans ma réponse. Tout d'abord, voyez comme vous êtes opposé à vous-même. Vous commencez ainsi: « Quels rapports y a-t-il entre vous et ces rois de la terre qui se sont toujours montrés hostiles à la religion chrétienne ? » Vous nous défendez donc de nous approcher des rois. Un peu plus loin vous ajoutez : « Ne voulant pas que les rois, qui se feraient les persécuteurs des chrétiens, pussent alléguer leur ignorance pour excuse, le Seigneur leur a prodigué ses avertissements pour les empêcher de périr. A ceux qui ne connaissent pas ces préceptes, nous serions heureux de les leur apprendre. Vous surtout, il vous serait très-facile de le faire, si vous teniez quelque peu à les voir vivre chrétiennement ». Comment donc voulez-vous que nous soyons les précepteurs des rois? Ceux d'entre nous qui jouissent de l'amitié des princes et en font un bon usage, ne sont en cela coupables d'aucun péché ; si cette amitié leur cause un peu d'orgueil, ils sont en cela beaucoup moins coupables que vous. Vous qui nous accusez, dites-nous donc quelles furent vos relations avec un roi païen; et qui plus est, avec un apostat et un ennemi du nom chrétien, c'est-à-dire avec Julien, dont vous avez dit « qu'il n'y avait plus de justice qu'en lui seul », parce que, docile à vos supplications, il vous avait rendu les basiliques sur lesquelles vous osiez injustement revendiquer des droits. Si vous comprenez le latin, ces paroles ne signifient-elles pas que l'idolâtrie de Julien et son apostasie sont pour vous le comble de la justice ? On conserve le texte de la demande adressée par vos ancêtres, le décret qu'ils ont obtenu, les actes publics dans lesquels ils ont revendiqué leurs droits. Ouvrez les yeux et prêtez attention à cet ennemi de Jésus-Christ, à cet apostat, à ce persécuteur des chrétiens, à cet esclave des démons; c'est en ces termes que votre Pontius lui-même adressait sa supplique. Allez donc, et dites-nous encore : « Quels rapports pouvez-vous avoir avec les rois du monde ? » A des peuples sourds et sourds vous-mêmes, lisez cette parole, vous qui ne voulez ni l'entendre ni la comprendre : « Vous voyez une paille dans l'œil de votre frère; et vous ne voyez pas une poutre dans le vôtre15 ».
204. « Quels rapports », dites-vous, « pouvez-vous avoir avec les rois de ce siècle, dont la haine jalouse s'est toujours armée contre la religion chrétienne ? » Après ces paroles vous essayez d'énumérer les rois qui se sont faits les ennemis des justes ; oubliez-vous donc que l'on pourrait en énumérer un plus grand nombre qui se sont faits leurs amis ? Le roi d'Egypte, surnaturellement averti de ne point toucher à l'épouse d'Abraham, traita ce dernier en ami et le combla de présents16. Isaac jouit également de l'amitié d'un autre roi17. Jacob fut en Egypte comblé de tous les honneurs par un roi, et ne craignait pas de le bénir18. Que dirai-je de Joseph qui, après les souffrances de la prison dans laquelle sa chasteté fut éprouvée, comme l'or dans le creuset, parvint aux premières fonctions du royaume19, jurait lui-même par le salut de Pharaon20, non pas dans un accès d'orgueil, par un sentiment de vive gratitude et de bienveillance ? Moïse fut adopté par la fille d'un roi21. Indignement chassé du trône d'Israël, David trouva un refuge près d'une reine étrangère22. Elie courut devant le char d'un roi pervers, non point pour obéir à un ordre, mais pour rendre un hommage de fidélité23. Elisée offrit à la femme qui lui donnait l'hospitalité d'implorer pour, elle les faveurs du roi24.
Venons maintenant à cette époque de la captivité sur laquelle votre oubli m'étonne assurément. En effet, pour prouver que les rois dans leur haine jalouse se sont toujours posés en ennemis de la religion chrétienne, vous rappelez les trois jeunes Hébreux et Daniel, qui se sont vus persécutés par des rois; mais pour ainsi dire dans les mêmes passages ne pouviez-vous pas voir qu'après le miracle opéré dans la fournaise, le même roi se répandit en louanges pour le Créateur et combla d'honneurs ces trois hommes épargnés par les flammes ? Quelle autorité ce même roi ne donna-t-il pas à Daniel, de quels présents il l'enrichit ? De son côté le Prophète rendait tous les honneurs dus à l'autorité royale, ne craignait pas d'expliquer ses songes et d'user en sa faveur du glorieux privilège qu'il avait reçu de Dieu. Plus tard, la jalousie souleva contre Daniel un grand nombre de rivaux; des calomnies de toute sorte s'amoncelèrent contre lui ; le roi se vit donc obligé, malgré lui, de le jeter dans une fosse aux lions, espérant toutefois que le secours de Dieu l'arracherait infailliblement au danger qu'il allait courir. En effet, lorsqu'on eut vu ces animaux féroces déposer tout à coup leur rage et respecter la vie du Prophète, le roi s'empressa de témoigner à Daniel sa joie et son bonheur, et Daniel, de son côté, lui jeta du fond de l'abîme ce cri de bénédiction: « O Roi, vivez de longs jours25 ». Ces relations d'amitié des rois avec les saints, vous pouviez les constater à l'occasion des autres faits que vous avez rapportés, pourquoi donc ne les avez-vous pas vues, ou avez-vous refusé de les voir; eu, les voyant et les connaissant, pourquoi les avez-vous passées sous silence ? Si en votre qualité de défenseur d'une mauvaise cause, le besoin de mentir ne vous empêchait pas d'ouvrir les yeux à la lumière de la vérité, vous auriez su reconnaître et avouer que parmi les rois les uns ont été bons et les autres mauvais; les uns sont restés les amis des saints et les autres sont devenus leurs ennemis. Et nous nous étonnons que vos circoncellions se précipitent. Qui donc vous poursuivait, je vous prie ? quel Macaire ou quel soldat s'obstinait à vous persécuter ? Personne d'entre nous ne vous a contraint de vous jeter dans cet abîme de l'erreur. Pourquoi donc vous y précipiter les yeux fermés, jusqu'à vous écrier: « Quels rapports peut-il y avoir entre vous et les princes de ce siècle ? » Pourquoi surtout ajouter, non pas seulement qu'ils ont souvent montré une haine jalouse contre la religion chrétienne, mais « que leur haine jalouse s'est toujours armée contre la religion chrétienne ? » Parce que vous n'avez pas voulu tenir compte de ces exemples qui protestent contre vous, avez-vous cru que nos lecteurs n'en tiendraient également aucun compte et qu'ils ne s'écrieraient pas : Il ne sait ce qu'il dit ?
205. Parce que les rois dont j'ai parlé appartiennent tous à l'Ancien Testament, en conclurez-vous qu'on ne peut les invoquer contre votre thèse, puisque vous n'avez pas dit: Leur haine jalouse les a toujours armés contre la justice; mais : « Leur haine jalouse les a toujours armés contre la religion chrétienne », comme si dans votre pensée cette haine jalouse ne s'était portée contre les justes, que depuis que ces justes portent le nom de chrétien ? Mais alors, pourquoi donc auriez-vous pris vous-même dans l'Ancien Testament des exemples à l'appui de votre téméraire assertion ? Est-ce que les Machabées, les trois jeunes Hébreux, Daniel, n'ont pas vécu longtemps avant la naissance de Jésus-Christ ? Et puis vous citez Julien l'Apostat, dont la haine contre les chrétiens est, hélas ! trop connue. Pourquoi donc l'avez-vous supplié de vous rendre vos basiliques ? Pourquoi avez-vous dit hautement qu'il était seul le représentant de la justice ? Si un ennemi de la religion entend un semblable langage, que sont donc ceux qui le lui adressent? Constantin qui, au lieu d'en être l'ennemi, se posait en glorieux protecteur du nom chrétien, se souvenant de l'espérance qu'il avait dans le Christ, et disposé à conserver à tout prix l'unité, n'accueillit aucun de ceux qui parmi vous interjetèrent appel à son tribunal. Ces deux empereurs ont vécu pendant l'ère chrétienne, mais ils ne furent pas tous deux des empereurs chrétiens; si tous deux furent des ennemis jaloux de la religion chrétienne, pourquoi donc en appeliez-vous au tribunal de l'un et à la libéralité de l'autre ? Sur la demande de vos ancêtres, Constantin avait fait rendre deux jugements épiscopaux, l'un à Rome et Poutre à Arles; le premier de ces jugements, vous l'avez accusé et vous en avez appelé contre le second. Ou bien, ce qui est vrai, si l'un de ces deux princes croyait en Jésus-Christ, tandis que l'autre avait apostasié la religion de Jésus-Christ, pourquoi mépriser celui qui est chrétien et partisan de l'unité, tandis que vous comblez d'éloges l'apostat qui sème la division? Constantin ordonna de vous chasser des basiliques, et Julien vous en ouvrit les portes. Voulez-vous savoir lequel de ces deux partis favorisait la paix chrétienne? l'un vous a chassés, parce qu'il croyait en Jésus-Christ ; l'autre vous a réintégrés, parce qu'il avait abandonné Jésus-Christ. Oh ! que vous voudriez dire : La supplique adressée à Julien fut un crime, mais pour nous, que nous importe ? Si vous parliez ainsi, ce serait par le fait même vous condamner aux yeux de l'Eglise catholique, dont les membres répandus sur toute la terre ont fort peu à se préoccuper de ce que vous dites, de ceux dont vous voulez parler, et de ce que vous voulez en dire. Mais vous ne pouvez avouer que la supplique adressée à Julien soit un crime; n'y a-t-il pas au-dessus de vous une autorité qui étouffe votre voix et paralyse votre langue? Pontius a composé la supplique; Pontius l'a présentée, Pontius a fait d'un apostat le modèle de toute justice, Pontius a dit d'un apostat qu'il était l'unique dépositaire de la justice. Que telle ait été la forme sous laquelle Pontius a présenté sa supplique, c'est ce que nous apprend sans ambage le rescrit même de Julien. Vos allégations sont encore là dans toute leur intégrité; j'en ai pour garant, non pas une vaine renommée, mais les monuments publics les plus authentiques. Parce que l'apostat a fait droit à votre demande, dans le but de nuire à l'unité de Jésus-Christ, pensez-vous que cette libéralité vous autorise (261) à dire qu'il était l'unique dépositaire de la justice ? Et parce que les empereurs chrétiens, désireux de maintenir l'unité du Christ, portent des lois qui vous sont désagréables, pensez-vous qu'on puisse uniquement pour cela leur supposer une haine jalouse pour la religion chrétienne? Ah ! je souhaite que tous les hérétiques deviennent insensés dans ce sens, et recouvrent la raison pour cesser d'être hérétiques.
206. Où donc, direz-vous, s'est accomplie cette parole du Sauveur : « Il viendra un temps où celui qui vous fera mourir se flattera de rendre gloire à Dieu26 ? » Ce mot ne s'applique pas aux païens, car ce n'est point pour Dieu, mais pour leurs idoles, qu'ils persécutaient les chrétiens. Quant aux empereurs qui se réjouissent de porter le nom de chrétien, ne voyez-vous pas que pour mériter l'application de cette parole il aurait fallu que leurs lois n'eussent avant tout pour but que celui de vous faire mourir ? Or, telle ne fut jamais leur intention. Les châtiments que vos sectaires ont à subir ne sont que la juste punition de leur résistance systématique aux lois de l'empire ; quant à ces morts volontaires devenues si nombreuses, vos sectaires les regardent pour eux comme un bonheur et pour nous comme un objet d'envie. Que s'ils veulent que ces paroles du Sauveur s'appliquent aux rois qui honorent le nom de Jésus-Christ, qu'ils demandent ce que l’Eglise catholique a souffert en Orient sons le règne de l'empereur Valens. Je trouverais là toutes les preuves de l'accomplissement de cette parole : « Un temps viendra où celui qui vous fera mourir se flattera de rendre service à Dieu » ; j'y trouverais surtout le moyen de prouver aux hérétiques qu'ils ne sauraient se faire une gloire des lois plus ou moins sévères portées contre leur erreur par les empereurs catholiques.
Toutefois nous disons que le temps annoncé par l'Evangile est arrivé quelque temps après l'ascension du Sauveur. La sainte Ecriture en est pour nous la preuve évidente. En effet, les Juifs croyaient rendre service à Dieu, en faisant mourir les Apôtres. Telles étaient en particulier les dispositions de Saul, avant qu'il fût devenu notre apôtre saint Paul. Parmi ses anciens titres de gloire, sur lesquels il appelle l'oubli le plus complet, ne l'entendons-nous pas s'écrier : « Né hébreu, de pères hébreux, ayant été pharisien quant à la manière d'observer la loi, et pour ce qui est du zèle judaïque j'en avais jusqu'à persécuter l'Eglise27? » N'est-il pas évident qu'il croyait rendre service à Dieu en faisant souffrir aux autres ce que plus tard il souffrit lui-même? En effet, quarante Juifs avaient formé le complot de le mettre à mort ; dès qu'il en fut averti, il en donna connaissance au tribun, et ce n'est qu'avec le concours de la force armée qu'il échappa à ces embûches28. Mais à cette époque personne n'était encore là pour lui dire Quels rapports pouvez-vous avoir, non pas avec des rois, mais avec des tribuns et la force armée? Personne n'était là pour lui dire Vous avez cherché une protection auprès des soldats, lorsque votre Sauveur a été par eux conduit à la mort. On n'avait point encore imaginé de semblables folies, ruais pour le moment où elles apparaîtraient on préparait ces exemples frappants.
207. Mais voici que vous prenez des airs terribles en vous écriant : « Sans parler d'autre chose, apprenez par votre propre histoire que beaucoup de vos empereurs et de vos juges ont expié par une mort malheureuse ce qu'ils nous ont fait souffrir ». En lisant ces paroles dans votre lettre je redoublais d'attention pour bien me pénétrer de l'énumération que sans doute vous alliez faire. Mais voici qu'abandonnant votre sujet, vous nous rappelez Néron, Domitien, Trajan, Gète, Dèce, Valérien, Dioclétien et Maximien. J'avoue que la liste en est longue, mais je dois croire que vous oubliez à qui vous parlez. Est-ce que tous ces empereurs n'étaient pas païens ? et pour défendre le culte des idoles n'ont-ils pas persécuté les chrétiens sans distinction de catholiques ou d’hérétiques ? Ouvrez donc les yeux ; ces princes n'étaient certes pas de notre communion, et ils persécutaient cette unité catholique dont vous nous excluez de votre chef, mais à laquelle, selon la parole même de Jésus-Christ, vous avez cessé d'appartenir. Or, vous promettiez de montrer que beaucoup de nos empereurs et de nos juges avaient expié par une mort malheureuse les persécutions qu'ils vous avaient fait souffrir. Nous laisseriez-vous le soin de faire nous-mêmes cette énumération, puisque vous y avez renoncé, tout en nous disant « Sans parler de Néron? » Charmante restriction à l'aide de laquelle vous parcourez plusieurs autres noms ! Pourquoi donc nous rappeler des personnages absolument étrangers à la question qui nous occupe ? Et puis que m'importe ? Je vous les abandonne sans difficulté, mais j'attends la longue énumération de ceux que vous m'avez promis. Mais peut-être serait-il impossible d'en trouver, puisque vous assurez qu'ils ont péri.
208. A la place des empereurs et des juges vous énumérez certains évêques que vous avez coutume de nommer traditeurs. Sur ce point nous avons toujours la même réponse à vous faire : ou vous ne prouvez pas, et alors vos accusations ne sont d'aucune importance; ou vous prouvez, et nous vous répliquons que ces crimes nous sont absolument étrangers. Ces évêques ont porté leur propre fardeau, bon ou mauvais ; nous croyons qu'il était bon, toujours est-il que ce fardeau leur était personnel. De même en est-il pour vos coupables sectaires ; ils ne répondent pas de vous et vous ne répondez pas d'eux ; toutefois il est un fardeau qui vous est commun à tous, c'est le schisme. Souvent déjà nous vous avons tenu ce raisonnement. Formulez donc les noms, en quel nombre vous voudrez, non pas d'évêques, mais d'empereurs et de juges catholiques qui aient péri pour vous avoir persécutés. C'est là ce que vous vous proposiez, ce que vous nous aviez promis, ce qui avait surexcité votre attention. « Ecoutez », dit-il, « Macaire a péri, Ursace a péri, tous vos comtes ont péri sous les coups de la vengeance divine ». Vous citez deux noms, et dans ces deux noms je ne vois aucun empereur. Cette fin de non-recevoir peut-elle contenter quelqu'un ? Vous contente-t-elle vous-même ? Vous nous annoncez que vous allez citer une longue suite de nos empereurs et de nos juges qui ont péri en vous persécutant, et sans parler d'aucun empereur vous citez à peine deux comtes ou deux juges. Vous dites bien : « Tous vos comtes ont péri également sous les coups de la vengeance divine », mais que nous importe une telle affirmation ? Il vous était tout aussi facile de terminer ainsi votre phrase, sans formuler absolument aucun nom propre. Pourquoi donc ne citez-vous aucun de nos empereurs, c'est-à-dire aucun de nos empereurs catholiques ? Avez-vous craint d'être accusé du crime de lèse-majesté ? Qu'est donc devenue la force circoncellionique ?
Et puis, que pensez-vous de ceux dont vous avez précédemment décliné les noms ? ne peuvent-ils pas vous dire : Que nous demandiez-vous ? En effet, ils ne sont d'aucun secours pour la cause que vous soutenez ; et cependant vous les nommez. Enfin, qui êtes-vous donc pour n'oser nommer ceux dont vous invoquez la mort malheureuse ? Comme les juges et les comtes vous inspirent moins de frayeur, vous auriez pu, sans doute, en citer un plus grand nombre. Pourtant vous vous bornez à Macaire et à Ursace. Est-ce que ces deux derniers sont à eux seuls plus que tous les autres ? Ne vous rappelez-vous pas ce que nous avons appris dans notre enfance ? Si vous me demandez si ce nombre deux est singulier ou pluriel, je vous répondrai qu'il est du pluriel. Et cependant je ne suis pas au terme de mon argumentation. En effet, de ce nombre deux je retranche Macaire, car vous ne nous avez pas dit comment il a péri. Quiconque vous persécute, pour peu qu'il ne soit pas immortel sur cette terre, quand il mourra, direz-vous qu'il meurt à cause de vous ? A ce prix n'est-il pas regrettable que Constantin, le premier qui eût porté des lois contre votre schisme, ait été si longtemps assis sur le trône, et ait joui d'une si longue prospérité? n'est-il pas également regrettable que ce Julien qui vous a fait don de nombreuses basiliques, ait été frappé de mort d'une manière si prématurée ? Si pour ces deux empereurs les choses s'étaient passées autrement, quel thème mieux choisi pour vos déclamations sans fin, puisque malgré ces contre-temps vous ne voulez pas vous taire ?
Cependant nous ne vous disons pas que si Julien est mort d'une manière aussi prématurée, c'est parce qu'il vous a donné des basiliques. Nous pourrions sur ce point imiter votre faconde, mais nous ne voulons pas faire preuve de la même vanité. Ainsi donc, comme je l'ai dit plus haut, du, nombre deux je retranche Macaire ; par conséquent il ne vous reste plus qu'Ursace, auquel vous faites l'honneur de répéter son nom, pour nous montrer quel genre de mort il avait mérité. « Ursace », dites-vous », frappé à mort de la « main d'un barbare, fut déchiré par des (263) oiseaux de proie et dévoré par des chiens avides ». N'oublions pas que c'est surtout Macaire qui est l'objet de votre haine, car vous nous appelez Macariens et non pas Ursaciens ; d'où je conclus que si dans sa mort vous aviez pu trouver quelque détail à faire ressortir en votre faveur, vous y auriez mis toute votre complaisance. Ainsi donc de ces deux hommes que vous citiez pour arriver au nombre pluriel, il ne reste plus qu'Ursace, avec le nombre singulier. Que devient donc cette terrible menace qui nous annonçait une écrasante pluralité ?
209. Pour peu que l'on connaisse la valeur des termes, on comprend facilement qu'une réponse comme celle-ci : « Macaire a péri, Ursace a péri, tous vos comtes ont péri sous les coups de la vengeance divine », est du dernier des ridicules, quand on sait qu'elle s'adresse à des hommes qui vous somment de donner des preuves à l'appui de vos accusations. Vous savez que ce sont ces preuves que l'auditeur ou le lecteur exige, et voici sur quel raisonnement vous vous appuyez pour démontrer que tous nos comtes ont péri sous les coups de la vengeance de Dieu. « Ursace », dites-vous, « frappé par une main barbare, a été déchiré par les oiseaux de proie et dévoré par des chiens avides ». Tout homme, ne sachant pas même ce qu'il dit, pourrait affirmer également que tous nos évêques ont péri en prison sous les coups de la vengeance divine ; et si des preuves lui sont demandées, il pourra ajouter : C'est de ce genre de mort que mourut Optat, accusé de complicité avec Gildon. Telles sont cependant les absurdités que nous sommes contraints d'entendre et de réfuter ; et surtout nous craignons que des esprits faibles ne se laissent prendre à vos embûches. Quant à cet Ursace, pourvu qu'il ait bien vécu et qu'il soit mort saintement, il sera consolé par cette promesse divine : « Je recueillerai votre sang des mains de toutes les bêtes féroces29 ».
210. Vous nous accusez de soulever contre vous le courroux des princes de la terre, et de leur inspirer nos idées de vengeance plutôt que de leur enseigner la divine Ecriture c'est une calomnie qui je ne prendrai même pas la peine de réfuter, car je ne vous crois pas encore arrivés à un tel point de surdité contre les oracles divins, que vous n'ayez à craindre que ces oracles ne soient connus des princes. Que vous le vouliez ou que vous ne le vouliez pas, il n'en est pas moins certain que ces princes entrent dans l'Eglise, et si nous gardons le silence, ils peuvent prêter l'oreille à la voix du lecteur. Et s'il est un point sur lequel nous revenons très-souvent, c'est précisément ce psaume que vous avez cité, et qu'ils écoutent avec une vive attention. Vous soutenez que nous ne les instruisons pas et que nous leur refusons la connaissance de ces paroles : « Maintenant, ô rois, comprenez ; instruisez-vous, vous qui jugez la terre; servez le Seigneur dans la crainte, et tressaillez devant lui avec terreur; embrassez la discipline, dans la crainte de soulever le courroux de Dieu, etc. » Croyez bien que nous chantons ces paroles et qu'ils les entendent ; mais ils entendent également les versets précédents que vous n'avez cités que pour nous faire croire qu'ils ne vous inspirent aucune frayeur. Voici donc ce qu'ils entendent : « Le Seigneur m'a dit: Vous êtes mon Fils, je vous ai engendré aujourd'hui ; demandez-moi, et je vous donnerai les nations pour héritage et pour empire les confins de la terre30 ». En entendant ces paroles, ils s'étonnent que certains hérétiques osent nier cet héritage de Jésus-Christ et tentent de le restreindre à un petit coin de la terre. Dans leur étonnement, ils demandent peut-être pourquoi ces paroles: « Servez le Seigneur dans la crainte», comme si ce sentiment leur était spécial en tant qu'ils sont rois. En effet, tous les hommes doivent servir le Seigneur; d'abord en vertu de la condition qui leur est commune à tous, leur condition d'hommes, et ensuite en vertu des dons particuliers qui ont été accordés à chacun. Par exemple il n'appartient pas à tous d'ordonner le renversement des idoles, quoique leur disparition ait été depuis longtemps annoncée31. Les rois, en acceptant le gouvernement de la société humaine, et par là même qu'ils sont rois, sont donc tenus de servir le Seigneur, conformément à un mode qui n'est ni prescrit ni possible à ceux qui ne sont pas rois.
211. Après avoir médité ces paroles, ils entendent également, et avec une admirable solennité, les passages cités par vous, au sujet des trois jeunes Hébreux. En effet, ces passages de la sainte Ecriture sont chantés par l'Eglise à l'occasion de ces fêtes qui donnent de la ferveur à ceux mêmes qui vivent dans la tiédeur tout le reste de l'année. Or, quelles idées, pensez-vous, doivent naître dans l'esprit des empereurs chrétiens, quand on leur rappelle que trois jeunes hommes ont été jetés dans une fournaise ardente, parce qu'ils ont refusé, malgré les ordres du roi, d'adorer une idole ? Ne doivent-ils pas en conclure que la liberté des saints ne saurait être vaincue ni par la puissance royale, ni par la rigueur des châtiments et des souffrances ? Et alors ils se félicitent de ne pas être du nombre de ces rois qui punissaient comme sacrilèges les contempteurs des idoles. Plus loin on leur rappelle que ce même roi vivement frappé de ce grand miracle opéré en faveur des trois enfants, par des flammes entièrement dociles à l'empire du Créateur, conçut aussitôt le désir de servir Dieu dans la crainte, de tressaillir devant lui avec terreur et d'embrasser généreusement la discipline. En présence de semblables prodiges, ne comprennent-ils pas que si ces faits sont écrits et chantés avec tant de pompe, c'est afin de faire comprendre aux serviteurs de Dieu qu'ils doivent protester contre tout sacrilège qui leur serait prescrit par les rois, et que ces rois eux-mêmes ont pour premier devoir de se faire les serviteurs de Dieu? Enfin, si, dociles aux avertissements de ce psaume que vous avez transcrit dans votre lettre, ces rois veulent comprendre, s'instruire, servir le Seigneur dans la crainte, tressaillir devant lui avec terreur et embrasser la discipline, il leur suffit de prêter une oreille attentive au langage formulé par Nabuchodonosor. En effet, le psaume nous apprend que ce roi rendit un décret adressé à tous les peuples de son empire, et portant que quiconque blasphémerait le Dieu de Sidrac, de Misac, et d'Abdénago, serait puni de mort et ses biens confisqués. Et s'ils connaissent ce décret qui défendait de blasphémer le Dieu modérateur des flammes, et libérateur des trois jeunes Hébreux, ne peuvent-ils pas conclure ce qu'ils doivent faire dans leur empire pour empêcher qu'on annule dans les fidèles un sacrement dans lequel Dieu remet les péchés et pose les fondements du salut de l'univers ?
212. Ainsi donc, lorsque les princes chrétiens portent des lois contre vous pour assurer l'unité catholique, prenez garde de leur reprocher dans vos paroles de ne point connaître les saintes Ecritures, tandis que dans votre coeur vous regrettez qu'ils soient suffisamment instruits. Comment supporter de votre part une calomnie assez sacrilège et assez odieuse, pour accuser tous les rois, par ce fait seul, que Daniel a été jeté dans la fosse aux lions ? Mais alors pourquoi donc ne pas faire à tous les rois un véritable mérite, parce que ce même Daniel a été comblé d'honneurs ; parce qu'en le jetant dans la fosse, le roi lui-même était persuadé que Dieu l'en tirerait sain et sauf ; et enfin, parce que dans sa sollicitude pour celui qu'il aimait, ce même roi se privait absolument de prendre aucune nourriture ? Parce que Daniel a été persécuté par un roi, vous osez dire aux chrétiens « Quels rapports pouvez-vous avoir avec les rois de ce siècle ? » Vous oubliez donc que ce même Daniel interprétait fidèlement les songes au roi, qu'il l'appelait son maître et son roi, et qu'il recevait de lui les présents les plus généreux, et les plus grands honneurs ? De même vous faites sonner bien haut que ces trois jeunes Hébreux ont été jetés dans les flammes pour avoir refusé d'adorer la statue du roi ; mais vous passez sous silence les félicitations et les honneurs qu'ils reçurent de ce même prince. En jetant Daniel dans la fosse aux lions, le roi se montrait persécuteur; mais était-il persécuteur, oui ou non, lorsqu'il témoignait à Daniel la joie qu'il éprouvait de le voir sain et sauf, et lorsqu'il jetait aux lions les ennemis du Prophète32 ? Si même alors il était persécuteur, pourquoi Daniel ne lui résista-t-il pas, quand la familiarité dont il jouissait auprès du roi lui rendait cette résistance si facile? Et vous nous dites que nous devons détourner les rois d'user de violence à l'égard des hommes ?
Et si vous soutenez que le roi ne fut point un persécuteur parce qu'il ne faisait qu'appliquer le juste châtiment de la faute commise par les ennemis du saint Prophète, que ne peuvent faire les rois pour venger la profanation des sacrements de Jésus-Christ, quand la vie d'un prophète mise en péril a mérité un châtiment aussi sévère ? Je l'avoue, et c'est évident, le roi se montra persécuteur lorsqu'il jeta dans les flammes les trois jeunes Hébreux parce qu'ils avaient refusé d'adorer la statue; mais je demande s'il fut également persécuteur lorsqu'il ordonna par une loi de mettre à mort et de dépouiller de son bien quiconque blasphémerait le seul Dieu véritable ? S'il fut persécuteur, pourquoi répondez-vous Amen aux paroles du persécuteur? S'il ne l'a pas été, pourquoi donc appelez-vous persécuteurs les princes qui veulent vous corriger de la fureur du blasphème? S'ils vous obligeaient à adorer une idole, ils ressembleraient à ce roi impie, et vous ressembleriez aux trois jeunes Hébreux; mais s'ils vous défendent de vous attaquer à Jésus-Christ, vous n'êtes plus que des impies. Et eux, que sont-ils, s'ils défendent ces profanations sous des peines terribles? je n'ai point à me prononcer; vous, du moins, cherchez d'autres raisons à donner, si vous leur refusez le titre d'empereurs chrétiens.
213. Si ces faits relatifs à Daniel et à ses compagnons avaient été invoqués par, tout autre que vous, par moi par exemple, vous vous seriez récrié, vous auriez dit qu'il n'y a point de similitude à établir entre des époques aussi différentes; vous auriez ajouté : Je rends grâces à Dieu, car, en citant des faits pour appuyer votre doctrine, vous finissez par comprendre que ces faits prouvent précisément le contraire de ce que vous vouliez. N'est-ce point là ce qui vous arrive? Est-ce par une erreur purement humaine? Je voudrais le croire. Corrigez-vous donc ; ne craignez pas, vous n'en serez pas moins considéré; n'y a-t-il pas au contraire plus de caractère à éteindre par un aveu généreux les flammes de la haine, qu'à dissiper par la vivacité de l'intelligence les ténèbres de l'erreur?
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II Ma bab. VII. ↩
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Dan. III. ↩
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Matt. XI, 16. ↩
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Dan. VI. ↩
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Matt. XXVII, 16. ↩
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I Cor. II, 6-8. ↩
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Jean, XVI, 2. ↩
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III Rois, XXI. ↩
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Matt. XIV, 8, 9. ↩
-
Id. XXVII, 24-26. ↩
-
Ps. II. ↩
-
Matt. XXVII, 24. ↩
-
III Rois, XXI. ↩
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Prov. XVIII, 21. ↩
-
Matt. VII, 3. ↩
-
Gen. XX. ↩
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Id. XXVI. 11. ↩
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Id. XLVII. ↩
-
Gen. XXXIX, XLI. ↩
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Id. XLI, 15. ↩
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Exod. II, 10. ↩
-
I Rois, XXVII. ↩
-
III Rois, XVIII, 44-46. ↩
-
IV Rois, IV, 13. ↩
-
Dan. III-VI. ↩
-
Jean, XVI, 2. ↩
-
Philipp. III, 5, 6. ↩
-
Act. XXIII, 12-33. ↩
-
Gen. IX, 5. ↩
-
Ps. II. ↩
-
Isa. II, 18; Zach. XIII, 2. ↩
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Dan. II-VI. ↩