Quoi qu’en dise François (et accessoirement son « bras armé » Tucho Fernandez), même s’il ne s’est pas agi à proprement parler d’une « bénédiction », la portée symbolique du geste, et en conséquence son impact dans l’opinion, bien amplifié comme c’était prévisible par les médias, est énorme. C’était évidemment le but recherché.

Uruguay, première bénédiction d’un mariage gay : ‘OK du Vatican’

Miguel Cuartero
lanuovabq.it
26 février 2024

Fiducia Supplicans donne ses premiers résultats : en Uruguay, un couple homosexuel connu reçoit une bénédiction le jour de son mariage civil. Réactions négatives et polémiques, mais l’évêque se défend : « J’ai consulté la nonciature ».

Benedizione della coppia gay in Uruguay

« J’ai consulté la nonciature et on m’a dit qu’il fallait donner la bénédiction ».

C’est en ces termes que, dans une lettre de clarification, l’évêque du diocèse de Maldonado-Punta del Este-Minas (Uruguay), Mgr Milton Tróccoli, justifie la bénédiction offerte à un couple homosexuel célèbre lors de la célébration de leur union civile.

Les protagonistes de l’affaire sont deux visages bien connus du monde du spectacle en Uruguay : Carlos Perciavalle et Jimmy Castilhos. Le premier, âgé de 82 ans, est un acteur, humoriste et réalisateur, et l’un des visages les plus connus de la télévision uruguayenne ; le second est son impresario, un communicateur, présentateur et producteur de théâtre, de trente-cinq ans plus jeune que son partenaire.

Le mariage civil a eu lieu, en présence d’un petit groupe de parents et d’amis, le lundi 19 février, tandis que le mercredi 21, le couple a organisé une fête réunissant plus de quatre cents personnes. Une fête que les deux protagonistes, avec la faveur de la presse, ont publiquement annoncée comme un « mariage religieux » : « le premier au monde », qui aurait lieu dans l’église de San Benito à Garzón, Maldonado.

La nouvelle d’un prétendu mariage religieux a alarmé et bouleversé le diocèse, qui a publié un communiqué pour préciser qu’il s’agissait d’une chapelle privée et non d’une paroisse. Face à une demande de bénédiction, l’évêque a pris son temps et a contacté la nonciature apostolique pour savoir ce qu’il fallait faire.

« Nous avons consulté la nonciature apostolique (…), on nous a dit qu’il fallait donner une bénédiction, puisqu’il y a un document signé par le pape et qu’il faut agir en conséquence. »

Malgré les clarifications et une rencontre privée préalable – entre les parties contractantes d’une part, l’évêque et le vicaire général d’autre part – au cours de laquelle des extraits de Fiducia supplicans ont été lus et commentés, et où il a été décidé de procéder dans la maison privée et non dans la chapelle comme prévu initialement, c’est dans le cadre de la fête de « mariage » que le prêtre Francisco Gordalina a donné la bénédiction (avec une formule pour chaque personne, séparément), contribuant ainsi à confirmer, dans l’opinion publique, l’idée d’un mariage homosexuel religieux.

Selon les journaux locaux, en effet, le moment le plus émouvant de la journée a été précisément la bénédiction par le prêtre qui a agi – soulignent les médias – avec l’autorisation du Vatican. Les images ont suscité beaucoup de clameurs dans le pays, à tel point que l’évêque a dû préciser qu’il avait obtenu l’autorisation de la nonciature et que tout s’était déroulé en marge de la cérémonie et en dehors du contexte liturgique, comme le suggère le Vatican avec la Déclaration Fiducia supplicans.

L’intervention de la Nonciature est un détail qui révèle le niveau de confusion provoqué par la Déclaration Fiducia supplicans. Il est en effet pour le moins anormal qu’un évêque ait besoin de s’adresser au Saint-Siège pour discerner et juger sur une affaire concernant le diocèse dans lequel il est appelé à gouverner. Cela contredit ce qu’écrit le cardinal Fernandez dans le communiqué de presse du 4 janvier sur l’application de Fiducia supplicans, lorsqu’il affirme que « chaque évêque local, en vertu de son propre ministère, a toujours le pouvoir de discernement sur place, c’est-à-dire dans ce lieu concret qu’il connaît plus que les autres parce qu’il s’agit de son troupeau » ; et encore : « chaque évêque dans son diocèse est autorisé par la Déclaration Fiducia supplicans à activer ce type de bénédiction simple, avec toutes les recommandations de prudence et d’attention ».

Une affaire diplomatique qui risque de créer un grave précédent dans le gouvernement des diocèses où des problèmes de ce type se posent.

Dans sa lettre, Mgr Tróccoli admet que la clameur médiatique « a pu heurter la sensibilité de certains fidèles et en troubler d’autres » mais, dans le même temps, « a conduit certaines personnes à revoir leur situation de vie, personnelle et familiale, avec gratitude pour la proximité manifestée par l’Église. Cela, conclut le prélat, c’est le but de Fiducia supplicans.

En 2009, Carlos Perciavalle [donc le marié n°1] s’était publiquement déclaré contre le mariage homosexuel.

« Si l’intention des gays est de se marier pour obtenir un héritage et des choses de ce genre, qu’ils fassent un testament et c’est tout, mais dire ‘mari et mari’, je ne sais pas… Je ne suis pas habitué, cela me semble absurde ».

Il n’y avait donc pas de mariage homosexuel dans les projets de l’artiste uruguayen il y a quinze ans. Qui sait si ce qui a fait changer d’avis Perciavalle, outre son âge avancé et la nécessité de régler sa succession, ce ne sont pas les ovnis avec lesquels l’artiste affirme avoir été en contact étroit pendant plusieurs années. Il est plus probable que ce soit l’Église, avec ses « ouvertures » et, surtout, avec la déclaration Fiducia supplicans qui dédouane et bénit l’amour homosexuel, qui a fait changer d’avis Perciavalle.

Il y a quelques mois, en annonçant la date de l’événement, le couple a déclaré qu’il avait décidé de s’unir civilement pendant l’année du Dragon sur la suggestion de leur amie astrologue argentine Ludovica Squirru, connue en Amérique du Sud pour la publication annuelle du calendrier chinois et de ses prédictions, ainsi que pour avoir conçu et fondé la « Fondation spirituelle argentine », qui vise à rétablir les bonnes connexions cosmiques du pays « né un mauvais jour » et donc sous une mauvaise étoile.

En outre, les « jeunes mariés » ont annoncé vouloir entamer les démarches administratives pour « louer un utérus de substitution » (c’est l’expression utilisée par le magazine Gente [magazine people italien] d’Uruguay) le plus tôt possible (notamment en raison de l’âge avancé de Carlos). Un projet que l’Église ne peut certes pas bénir car il viole le sens le plus profond de la sexualité humaine, ainsi que le principe de l’intégrité de la famille, le droit de la mère à s’occuper de sa progéniture et à l’élever, et le droit du fils à avoir une mère.

Rien de tout cela ne semble avoir d’importance face à un document signé par le Vatican et face à la volonté de bénir « deux personnes qui s’aiment » quel que soit leur projet de vie, tant que cela se fait en dehors de la sphère liturgique. L’informalité liturgique de la bénédiction – utilisé désormais comme laissez-passer par ceux qui, avec l’aval de Fiducia Supplicans, ont commencé à bénir des mariages devant les caméras pour instiller force et confiance dans le changement historique qui s’opère dans l’Église – est un piège. Voir le père James Martin, qui a posté ces jours-ci une (nouvelle) photo sur les réseaux sociaux alors qu’il bénissait un couple d’amis lors d’un congrès à Los Angeles. Une bénédiction « spontanée » et « en dehors du contexte liturgique, comme vous pouvez l’observer », écrit Martin.

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