La "saga Bouflet", acte 9 : épilogue.
L'incroyable "CV" de monsieur Joachim Boufflet
Réponse à Joachim Bouflet souligne les aspects problématique…
Avant d'examiner le dernier point : ce que Bouflet dépeint de la personnalité de Maria Valtorta, il reste à constater ses navrantes imprécisions par rapport à l'entrevue du pape Pie XII avec les promoteurs de l'oeuvre, en 1948.
"Testis unus, testis nullus" ? Cet adage devait bien être connu des protagonistes à l'époque, puisqu'ils sont plusieurs à confirmer que Pie XII était favorable à la lecture des visions de Maria Valtorta, contrairement à ce qu'insinue Bouflet, qui ne considère que Berti seul.
Pour le remettre en place, il suffit donc de citer Mgr Carinci, dont le témoignage est loin d'être de peu d'importance, et qui nous a laissé un écrit confirmant la position favorable du pontife, dont il était le plus proche confident. Ce témoignage se trouve dans le livre "Pro e Contro Maria Valtorta" d'Emilio Pisani, en italien.
Mais il est encore une dernière personne qui témoigne de la véracité de ses propres paroles, et c'est Pie XII lui-même ! En effet, tout le monde, lui y compris, connaissait la publicité qui était faite autour de sa déclaration, lors de l'entrevue.
Si donc elle était fausse, Pie XII ne pouvait pas, en temps que suprême autorité de l'Eglise, laisser passer cela sans rien dire : nécessairement il aurait du publier un démenti formel, et prendre des sanctions disciplinaires contre Berti, coupable d'un faux témoignage ayant eu de lourdes conséquences ( la publication d'une œuvre jugée mauvaise par le pape. )
Or rien de tout cela n'arriva : ni démenti, ni sanction contre Berti de la part du pape. Pie XII atteste donc lui-même l'authenticité de sa déclaration.
Parler des outrances de Berti est une chose, car effectivement on peut les déplorer avec raison : mais les appliquer à Maria Valtorta comme si c'était de sa faute en est une autre, et Bouflet ne s'en prive pas, ce qui ne plaide pas en faveur du sérieux de son analyse. Car l'autorité de Maria Valtorta sur l'entourage chargé de promouvoir son œuvre était réellement plus que limitée !
À ce même titre alors, il faudrait dénigrer la bienheureuse Anne Catherine Emmerich en l'accablant de ce que Clemens Brentano ait interprété ses visions en les déformant au gré de son esprit poétique !
"Vagus Brentano , vagus Anna" : c'est parfaitement ridicule.
Enfin : Mgr Barneschi, selon Bouflet le seul évêque sollicité pour délivrer le précieux Imprimatur, était évêque in partibus, c’est à dire sans diocèse propre à gouverner.
Deux erreurs de tailles sont ici à relever :
- la première est que son statut d'évêque in partibus le reliait directement à l'autorité de Rome, ce qui le rendait apte à délivrer ou non le document, même sans avoir de diocèse sous son gouvernement,
- la seconde est encore plus terrible pour Boufflet : il ignore tout bonnement que deux autres évêques, dont un cardinal, et pas in partibus, furent prêts à accorder l'imprimatur aux écrits de Maria Valtorta, et furent empêchés de le faire par intimidations et menaces personnelles, de la part du "Saint" Office.
Ce n'est donc pas un seul, mais trois imprimaturs que les écrits auraient du récolter, si le droit catholique avait été respecté sans qu'une sorte de "camora sans foi ni loi" ne l'empêche.
La personnalité de Maria Valtorta.
Ceux qui la dépeignent comme Bouflet sous les traits d'une personne triste, aigrie par les revers, n'arrivent à rien qu'à se dépeindre eux-mêmes : on ne peut en effet qu'être frapper de l'absence totale de réaction positive des René Gounon, dom Guillaume Chevallier, Joachim Bouflet, face à l'émerveillement que devrait normalement susciter une pareille œuvre si magnifiquement écrite, si précise et exacte, soutenue par autant de preuves duement vérifiées par les spécialistes ( plus de 20 000 éléments à ce jour ), ce qui devrait plonger les commentateurs dans le même enthousiasme que ceux qui examinent aujourd'hui la tilma de ND de Gadaloupe, ou le Saint Suaire de Turin ! Rien d'humain en effet ne peut expliquer une telle miraculeuse cohérence.
Mais rien cependant qui ait le don d'émouvoir même un tant soit peu nos censeurs : leur analyse au vinaigre, pour ne pas dire au vitriol, leurs négations des évidences témoignent au contraire d'une surprenante fermeture d'esprit à tout ce qui serait manifestement surnaturel et divin.
Que ce serait-il passé si l'analyse du Saint Suaire avait été uniquement confiée à des personnes de leur style ? On est en droit de se poser la question, non sans un certain effroi.
Le portrait qu'ils font de Maria Valtorta ne révèle que leur ignorance certainement volontaire de ce qu'apprend une lecture attentive et bienveillante de son autobiographie :
Maria Valtorta aima, depuis son plus jeune âge et malgré les vicissitudes qui lui furent constamment imposées par sa mère acariâtre, le Christ, Dieu, la Sainte Trinité, la Vierge Marie, et de plus en plus, depuis sa conversion définitive.
Alors qu'elle aurait pu restée amère toute sa vie d'avoir été empêchée dans ses études, et surtout dans ses deux tentatives de fonder un foyer, sa résignation devint parfaite, mais plus encore - ce qui est extraordinaire, et la rend semblable aux plus grandes âmes - elle apprit à souffrir, à aimer souffrir, à vouloir beaucoup souffrir afin de pouvoir s'offrir d'avantage au Christ, son Bien-aimé.
Plus elle souffrait sans pour autant l'avoir recherché, plus elle sentait que le monde n'avait plus de prise sur elle, sur son offrande totale d'elle-même à Dieu.
Aimer souffrir peut paraître morbide, autodestructeur, sauf lorsqu'on découvre dans la souffrance ce qui donne tout son sens à cette réalité entièrement dépourvue d'attrait : la générosité du don pour les autres, associée à celle du Christ souffrant sa Passion rédemptrice.
C'est pleinement ce que vécut Maria Valtorta, avec un enthousiasme non dissimulé. C'est ce qui poussa un monseigneur Carinci à venir se prosterner au pied de son lit de grabataire qu'elle ne quitta jamais à partir d'avril 1934, pour honorer une âme si exceptionnelle. C'est ce qui attirait à elle de nombreuses personnes, trouvant auprès de cette grande malade un mystérieux réconfort. C'est aussi ce qui amena la guérison physique pour certains d'entre eux, car Maria Valtorta, aussi mourante soit-elle, avait voulu prendre encore sur elle leur maladie. C'est ce qui ramena certains à la foi catholique et à la pratique des sacrements , tel son propre cousin Giuseppe Belfanti et sa famille.
On l'entend se plaindre de ce que l'oeuvre transmise par elle soit si malmenée ? Est-ce que par hasard on n’entend pas le Christ Lui-même se plaindre amèrement de ce que Jérusalem n'ait pas voulu se laissé rassembler par Lui, comme des poussins sous ses ailes ?
Maria Valtorta se munit d'un avocat : oui, mais dans quel but ? Afin de forcer le père Migliorini à ne pas publier l'oeuvre avant le temps fixé : donc , par soucis d'obéissance à la sainte Eglise ! C'est quand même un peu fort de lui reprocher son trop grand esprit d'obéissance, qui est la caractéristique principale de la sainteté véritable.
Pour comprendre le sens de cette défense bec et ongle de son oeuvre, qui la différencie par exemple d'avec Maria d'Agreda qui commença par brûler son livre, avant de le réécrire trente ans plus tard ( avec d'inévitables lacunes), il faut comprendre tout l'enjeu de ce don qu'elle avait reçu à son époque :
Jamais le monde n'avait connu pareil apocalypse qu'au moment de la seconde guerre mondiale. Jamais la menace généralisée de l'athéisme n'avait été si forte, jamais l'homme n'avait fait preuve avant cela d'une telle capacité d'auto-destruction, jamais les tyrans n'avaient déployé autant d'ingéniosité dans le génocide des hommes, de leur culture, de leur religion. Jamais un changement complet de paradigme ne s'était profilé de manière aussi menaçante, et aujourd'hui, en 2023, qui peut dire que cet état de fait est derrière nous ? C'est au contraire toujours d'une actualité sans aucun précédent. Et dans ce contexte, l'œuvre était pour l'humanité d'une importance capitale, aux yeux même de Dieu.
Car oui, il faut oser le dire : l'oeuvre révélée à Maria Valtorta est un réel antidote à l'éloignement frénétique des hommes d'avec Dieu, loin de son Alliance Nouvelle dans le Sang du Christ, loin de sa Parole qui sauve au sein de l'Église, à la quête de toujours plus de modernité, de prétention à se sauver tout seul, ou de n'avoir même pas à se sauver puisque Satan n'existerait même pas.
Contre cela, le Seigneur comme toujours ne reste pas sans rien faire, à regarder mourir loin de Lui ses créatures, élues depuis toute éternité.
Le zèle de Maria Valtorta pour les écrits qu'elle a reçu doit être interprété à cette lumière : comme un zèle pour le salut du monde, un zèle pour Dieu, pour le Christ, comme un avertissement qui nous est adressé : il n'est pas trop tard, le salut est toujours là, accessible, mais emparez-vous de lui !
L'urgence d'une situation exclue la neutralité. Devant la montée du modernisme et de l'athéisme, Maria Valtorta ne fut certainement pas indifférente, mais au contraire impliquée, une femme debout malgré sa maladie, et bien de son temps.
Faut-il manquer de coeur au point de le lui reprocher ?
Maria Valtorta fut sans aucun conteste une âme très favorisée, elle en eut pleinement conscience. Mais peut-être faut-il chercher la cause de cela dans le regard plein d'humilité qu'elle posait sur elle-même, avant même de connaître sa future mission de secrétaire du ciel : le Christ en effet, n'a pas coutume de se pencher sur les orgueilleux et les fanfarons.
Maria Valtorta se voyait comme une humble petite violette, qui exhale d'autant plus son doux parfum qu'elle est d'avantage piétinée par les gens.
Elle aurait pu se voir au moins comme une rose ? mais non. Se dépeindre comme une petite sainte ni touche, ayant la prétention de se comparer à sainte Thérèse de l'Enfant Jésus ? Mais non, c'est toute la réalité de ses combats ordinaires qu'elle décrit au contraire, avec une désarmante et touchante sincérité, loin de toute volonté de paraître à son avantage.
Et si elle dépeint aussi sa réelle convertion, c'est qu'à l'instar de la petite Thérèse, elle sait que cela fera du bien aux âmes.
Faut-il voir aussi de l'orgueil en Thérèse de Lisieux, qui affirmait qu'elle était humble, et qu'elle passerait son ciel à faire du bien sûr la terre, qui rêvait ainsi ni plus ni moins d'être... une grande sainte ?
Lorsqu'un coureur comme saint Paul sacrifie tout, absolument tout pour passer le premier la ligne d'arrivée, faut-il lui reprocher ensuite son succès comme une marque d'orgueil, ou plutôt l'en féliciter ? - ce saint Paul qui n'hésite pas à dire "qu'il a travaillé plus que tous les autres", et à se vanter des grâces extraordinaires qu'il avait obtenu ? -
Laissons à leurs tristes élucubrations ceux qui font le premier choix, et réjouissons-nous avec ceux qui optent pour le second.
Laissons ceux qui veulent rire un peu perdre du temps avec ce que racontent les Bouflet, René Gounon et autre dom Chevallier, et emparons-nous avec un saint enthousiasme de ce merveilleux Don du ciel, comme il nous est pleinement permis de le faire :
" Publiez cette Œuvre. Il n'est pas nécessaire de spécifier qu'elle soit surnaturelle ou non ( l'Eglise ne s'engage pas vis-à-vis d'une révélation privée) : ceux qui liront comprendront. " ( S.S. Pie XII en 1948 à M. Berti, Migliorini et Cecchin, lors d'une audience privée).
Et ceux qui liront et comprendront : c'est nous, les âmes de bonne volonté.