Deux questions souvent intriquées :

1° question : Le mal existe t-il ?
2° question : « Pourquoi ?... » pourquoi le mal existe t-il ?

La première question

est pour les tenants des voies orientales :
Leur réponse ? tout est illusion (‘nothing is real’ parole dans une chanson des Beatles après avoir eu un gourou), le mal n’existe pas, c’est une construction humaine, rien n’est réel, c’est le mental qui divise, votre ‘diviseur’ c’est le mental, ni dieu ni diable, rien n’est important, etc.
Mon avis : le déni du réel !
Sauf que tout est le réel, dans le sens, de, qui a une réalité. Même ce qui semble sans consistance existe au moins comme phénomène : les mirages, les hallucinations de malades, les illusions d’optiques, etc.
Et « La déconstruction » de Foucault, Deleuze, et peut-être Dérida ne feront qu’accentuer ce quasi-délire.
Puisque le mal n’existe pas, il faut aller dire à la famille des personnes torturés et massacrés que tout est relatif, que d’un point de vue absolu le mal n’existe pas, et puis fermons les yeux au réel comme Bouddha, boudons et installons-nous sous un arbre, au lieu de ouvrir les yeux comme Jésus sur le réel, de se lever et de se mettre en marche (note : notre corps est conçu pour le mouvement par un nombre considérable d’articulations et pas pour rester statique, d’ailleurs Jésus aime rendre riche les pauvres guérir les paralytiques), il n’y a pas de déni du réel avec Jésus.

La deuxième question

est la question qui a participé à mon avis de la noblesse de l’occident, s’il y a bien des questions à se poser, celle-ci est importante et a travaillé nombre de théologiens, de penseurs, de philosophes, pas seulement Hannah Arendt.

Personnellement

ce qui m’intéresse beaucoup à cette deuxième question ce n’est pas tant de la penser, que sa représentation culturelle et artistique ou autre, je ne trouve pas que sa production soit suffisante finalement, pour une question aussi importante, on en est encore loin.
Je le regrette car c’est une source certainement inépuisable d’inspiration pour évoquer cette deuxième question.

Si Dieu est à la fois infiniment bon et tout puissant, pourquoi l’existence du mal ?

La souffrance absurde et gratuite (guerres etc.) qu’a toujours connu l’humanité, relance d’une façon récurrente, et c’est bien normal, le vieux débat sur le « silence de Dieu ». Pour autant, à cette question apparemment insoluble, il y a, en y regardant de plus près, bien une réponse.

Certes, Dieu aurait pu dès le commencement créer un monde parfait, avec des êtres parfaits qui, contrairement à Adam et Ève, auraient fait le bon choix (ou plutôt auraient été obligés de faire le bon choix). Oui, Il aurait pu créer un monde sans souffrance, un monde immaculé, où dès le début toutes les créatures auraient été dans la plénitude du bonheur. Mais dans un tel monde, et c'est ici où se situe l'essence du problème, l'homme ne serait pas libre, il serait une sorte de super robot dont la dignité correspondrait en gros à celle d'une "machine à laver" ne tombant jamais en panne. C'est justement cela que Dieu a voulu éviter.

Au fond, la tragédie du "Mal" est la condition sine qua non de la liberté. Or sans liberté, il n'y a pas d'amour, en tout cas pas d'amour dans la vérité. Dieu n'a certes pas créé le "mal", Il en a seulement permit la possibilité. Sans cette "possibilité", il n'y aurait pas de choix possible. Or, sans choix, l'homme serait une marionnette. Si nous étions obligés d'aller vers Dieu, les dés seraient pipés. Cela n'était pas dans les plans de Dieu. Dieu merci.

Paradoxalement, Dieu nous aime et nous respecte tellement qu'il nous a même laissé le choix de «voter» contre lui.
C’est pourquoi, Il a laissé faire Hiroshima, c’est pourquoi, il a laissé faire Auschwitz ainsi que toutes les abominations que l’on connait : Meurtre légal des enfants à naître » (avortement) etc…
C’est volontairement que Dieu n’intervient pas. Il ne veut pas entraver notre liberté. Nous devons choisir nous même le bien. Si notre choix était « forcé », il n’aurait plus aucune de valeur ; il compterait, pour ainsi dire, pour du beurre.

Aussi étrange que cela puisse paraître, c’est justement « la possibilité » du mal qui est, en creux, la preuve de l’amour de Dieu pour sa créature.
Jean-Pierre Aussant

Merci beaucoup ! Moi aussi, comme tant d'autres, je suis tombé longtemps dans ce panneau grossier : "Dieu a tout créé, tout ce qui existe; et Il a donc créé aussi le mal et bla, bla, bla..." Mais ce qui est pour moi beaucoup plus mystérieux et incompréhensible, c'est que le Bon Dieu permette le mal et donc la mort éternelle de tant et tant de pauvres âmes (et même une majorité**, selon certains); je sais bien que la liberté, ou plutôt la possibilité de choisir entre le mal et le bien est une imperfection* et en même temps une source et une condition de mérite et de gloire de la nature humaine; mais je n'arrive pas à comprendre cet horrible gâchis et une telle quantité de damnés. Quelle horreur ! Mystère dont j'aurai la solution après la mort ?
* cela a été rappelé de manière touchante par sainte Thérèse qui voulait en être délivrée
** Au tournant des années 1940/1950, soeur Lucie impressionnait ceux qui la visitaient, comme le Père Lombardi, un jésuite italien qui fut bouleversé par son entrevue avec elle, au cours de laquelle elle lui affirma que «nombreux sont ceux qui se damnent. Beaucoup, beaucoup se perdront !»

Vidéo que j'a fait sur ce sujet crucial par une autre analogie

Ce petit enseignement suivant fût tout d'abord créé pour faire connaît…