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5) Cana dans l'EMV : quelle étouffante possessivité de Marie ? Quelle misogynie de Jésus ? réfutation de l'article de dom Guillaume Chevallier (version 2024)

communautesaintmartin.org/…MV-III-ASPECTS-PSYCHOLOGIQUES-DES-PERSONNAGES-.pdf

Qui est le mentor de dom Guillaume Chevallier ?

Voir aussi la réponse de F.M.Debroise à ces articles,

celle du docteur psychiatre D.Gloppe

et celle du collectif Marie de Nazareth: Réponse à Don Guillaume Chevallier : il n’y a aucune erreur doctrinale dans les écrits de Maria Valtorta

2. Jésus et sa mère

Les femmes tiennent une grande place dans l’œuvre de Maria Valtorta.
Le groupe des disciples femmes est actif et souvent représenté. Les mères, surtout, sont omniprésentes autour du cercle des disciples : Marie, la mère de Jésus, qui se distingue de toutes par ses qualités et le nombre de ses interventions, mais aussi la mère des fils de Zébédée, la mère de Judas et d’autres encore. Si la part belle leur est faite et que certaines qualités leur sont reconnues, il n’est pas rare pourtant que les femmes soient sévèrement jugées.


1 ) Les femmes tiennent une grande place dans l’œuvre : et au nom de quoi faudrait-il s'en étonner ? Ne tiennent-elles pas une très grande place dans le Cœur de Dieu venu sauver l’humanité entière, et dans les Évangiles aussi par conséquent, où elles représentent environ la moitié des auditeurs disciples du Christ, et une bonne partie de ceux qui le suivent au plus près ? (Luc 8 1-3) Et Marie Madeleine sœur de Lazare, Jeanne la femme de Kouza intendant d’Hérode, Marie la Mère de Jésus et les autres que cite saint Luc n’étaient pas spécialement des femmes de peu d’importance et sans caractère, qui auraient dû se comporter comme de simples potiches. On n’en croit donc pas nos yeux, de ce que DGC nous révèle...

2 ) Pour pouvoir accuser le Christ de misogynie dans l’EMV, notre auteur y décèle des jugements prétendument sévères à leur égard. Mais avant de voir de quoi il s’agit en réalité, commençons par lui rappeler :
-que si le Médecin ne met pas une plaie à nue, alors Il ne peut pas non plus la soigner (Luc 5,32)
-que Jésus n’est pas spécialement Celui qui passe sous silence les péchés des hommes, mais au contraire Celui qui les dénonce, souvent avec une grande sévérité, comme lorsqu’Il chasse à coup de fouet les vendeurs du Temple (Matt 21,12), ou fustige les pharisiens et les scribes hypocrites (Matt 23,13), affirme que le Diable est leur père (Jean 8,44), ou fustige son apôtre Pierre s’opposant à sa Passion (Marc 8,33), qualifie cette génération de « mauvaise » (Luc 11,29), marque un à un dans le sable les péchés de ceux qui veulent lapider la femme adultère ( Tome 7 chap.494 509 Nv.Ed.), lorsqu’Il dit son péché à la femme samaritaine (Jean 4,7), et que Jésus ne saurait être très sévère avec les hommes et très laxiste avec les femmes. Autant sa Miséricorde se manifeste pour les représentants des deux sexes, autant se manifeste aussi pour les deux sa Justice et son exigence de perfection : « Soyez parfaits comme votre Père Céleste est parfait. » (Matt 5,48)

3 ) L’Évangile - et donc l’EMV – ne nous est pas donné pour nous passer de la pommade dans le dos, hommes ou femmes, même si l'on y découvre la prévenance sans égal de Jésus à l'égard des pécheurs, usant d'une délicatesse infinie pour ne pas les blesser mais seulement les attirer à Lui.

Jésus sait exactement comment s'adresser au sexe faible, en vrai Médecin, non pour rabaisser les femmes, mais pour les guérir et les conduire à la plus haute sainteté.
Il n'y a qu'à lire dans l'oeuvre le récit de l'évolution que fit Marie Magdeleine auprès de Lui pour comprendre à quel point sa sévérité pleine de douceur et de miséricorde sut produire en elle un fruit bien au-delà de toute espérance humaine.

Par exemple, Jésus déclare à Porphyrée (que Maria Valtorta désigne comme la femme de Pierre) : « Je sais que tu sais te taire, vertu très rare chez les femmes. » (VII, 158, 28)

Si savoir se taire était une qualité secondaire, sans grande importance, alors Jésus se montrerait ici méprisant, exigeant sur des broutilles. Mais que dit précisément saint Jacques dans son épître ?
« Si l’on pense être quelqu’un de religieux sans mettre un frein à sa langue, on se trompe soi-même, une telle religion est sans valeur. » (Jacques 1,26)
Savoir se taire, bien loin donc d’être anodin, est au contraire une question centrale de religion, et il est plus que normal que le Christ se préoccupe de corriger ceux qui manquent de cette vertu.

Donnons maintenant un « petit cours de psychologie féminine pour les nuls » à DGC, et commençons pour cela par citer quelques exemples tirés de la littérature :

« À Paris, chaque ministère est une petite ville d’où les femmes sont bannies ; mais il s’y fait des commérages et des noirceurs comme si la population féminine s’y trouvait. » — (Honoré de Balzac, La Cousine Bette, 1846)

« Mensonges ! s’exclama-t-elle. Commérages de bonne femme ou plutôt non, invention de ta part. » — (Maurice Leblanc, La Comtesse de Cagliostro, 1924)

« Elle se réjouissait de revoir la ville, Gasbieha, de bavarder, de rire peut-être, d'écouter d'autres histoires que les commérages des femmes de fellahs. » — (Out-el-Kouloub, Zaheira, dans "Trois contes de l'Amour et de la Mort", 1940)

Commérage : propos de commère ( femme), babillage d'une personne sur un sujet impliquant souvent une autre personne.

Et Maria Valtorta, dans sa description du banquet du Mariage de cana, va décrire un petit fait savoureux, illustrant avec un brin d’humour ce trait typiquement féminin. Pourquoi s'en formaliser comme si cela n'était pas un trait psychologique bien connu ?

Explications :

-Au cours des âges dans les sociétés humaines, les femmes se voient bien souvent affecter les tâches domestiques, quand les hommes sont à leur travaux à l’extérieur du cadre familial. Ainsi elles ont de nombreuses occasions de se retrouver entre elles, comme par le passé autour du lavoir, ou bien pour s’entraider, s’occuper des enfants, se tenir compagnie, échanger des nouvelles. L’homme, plus fier, sera plus introverti que sa moitié, tenté de compter sur sa seule force pour aller de l’avant, alors que la femme cherchera plus volontiers le dialogue avec ses congénères : et souvent à l’excès, car tel est le risque.

-C’est elle qui assiste à la naissance, alors que l’homme n’y était pas admis jusqu’à tout récemment, elle seule souffre physiquement en cette occasion, elle a plus besoin que l’homme de verbaliser les évènements. C’est elle-aussi tout particulièrement qui éduque de près les enfants pour lesquelles elle est le refuge, le lien d’amour par la parole apprise et partagée, ce qui peut l’amener à des excès. Que d’attachement à de menus détails, que de nouvelles, et disons-le : que de commérages une femme peut se voit tenter de répandre au cours de son existence, même si cela est très loin d’être le tout de sa personnalité ! Quand l’homme pourra être tenté d’user de son atout principal qui est la force, elle sera tentée d’user du sien qui est le lien social entre femmes, même si tout ceci n’a rien d'absolument normatif au cas par cas.

Voici donc quelques éléments de psychologie élémentaire, pour éclairer cet « article sur les aspects psychologiques des personnages », qui n’en a en réalité que le nom.

Pour conclure, rappelons à l’auteur trois exemples de saints qui se montrèrent apparemment très sévères avec la gente féminine :

1. Saint Paul, demandant à la femme de se taire dans les assemblées (1 Tim 2,12) Outre le caractère à première vue misogyne de cet ordre, il existe avant tout comme une réponse au fait que ce fut en premier lieu la femme qui entra en dialogue avec le serpent ( Genèse 3,2), ce qui causa ensuite la perversion de l’homme.

2. Saint padre Pio se montrait bien souvent distant et bourru à l’égard des femmes, et cela ne peut pas être imputable à son soi-disant mauvais caractère, mais à sa sagesse.

3. Saint Séraphim de Sarov, pendant toute la première partie de sa vie, fuyait absolument les femmes qu’il appelait de ce nom fleuri : «corneilles peintes»… Il évoluera considérablement par la suite, fondant même un monastère de sœurs à Diveyevo.

On n’échappe pas aux clichés sur les belles-mères. Quand Pierre pense à la sienne, il soupire systématiquement ou se plaint : « mais comme elles sont toutes pareilles, les belles-mères », reconnaissant finalement qu’« il y en a quelques-unes de bonnes » (VII, 164, 65-66).

Il y a un total manque de sérieux dans cette remarque de DGC qui procède d’une incompréhension complète de sa part.

Tout aussi stupidement, un autre auteur d'article litigieux notant dans l'EMV quelques paroles fort peu amènes des soldats romains à l’égard des juifs du Temple qui les haïssaient, en tire la conclusion grotesque qu’il y aurait de l’antisémitisme dans les écrits de Maria Valtorta :
or il est au contraire tout naturel que, décrivant le réel des visions avec une scrupuleuse exactitude, celle-ci ait été amenée à transcrire les opinions parfois défavorables de tel groupe de personnes à l’égard de tel autre, sans que cela ne reflète le moins du monde ses propres opinions à elle.

Il n’y a donc pas plus d’antisémitisme dans l’EMV qu’il ne s’y trouve non plus de « cliché négatif sur les belles-mères » : c’est seulement l’expression d’un Simon Pierre encore très humain, étant… « un peu » éprouvé par la sienne (comme on pourra le lire avec bonheur au Tome 1, chap 60, 402 Nv.Ed. correspondant à Marc 1,29) , et qui avait une tendance assez comique à la généralisation. Et effectivement, cela fait sourire de le découvrir ainsi bourru mais tellement attachant, avec un si bon cœur de brave pêcheur sans malice. On dirait bien que cela a complètement échappé à DGC.

Mais ce qui joue un bien vilain tour à celui-ci, c’est la lecture intégrale du passage qu’il vient de nous citer. Car on y découvre tout l’inverse de ce qu’il insinue : c’est-à-dire un Jésus tout à l’écoute d’une pauvre belle-mère, tout rempli d’attention pour elle, pour ses peines de cœur dues en réalité à sa jalousie de mère se sentant à tort délaissée par son fils à cause de sa bru. Jésus l’enseigne patiemment, avec une infinie compassion, ce qui n’a rien à voir avec la caricature que nous en suggère l’auteur.

En effet, ce ne sont pas les « belles-mères bien portantes » qui ont besoin du Médecin des âmes, mais celles qui sont spirituellement malades, comme celle de Pierre que Jésus ira guérir de sa fièvre mortelle, ou bien comme celle dont il s’agit ici, dans ce passage occulté par l’auteur. En voici un extrait significatif, qui précède immédiatement le court dialogue cité par DGC:

Leçon sur le mariage à une belle-mère mécontente de sa belle-fille.

(…) Une autre fois il écoute une petite vieille qui, ne sachant pas qui il est, Lui raconte les peines de famille que lui donne sa bru grincheuse et sans respect.
Tout en compatissant à la petite vieille, Jésus l'exhorte à être patiente, pour amener à la bonté par la bonté :
"Tu dois être pour elle une mère, même si elle n'est pas une fille pour toi. Sois sincère : si au lieu d'être une bru, c'était ta fille, ses défauts te paraîtraient-ils aussi graves ?"
La petite vieille réfléchit et puis elle avoue :
"Non... Mais une fille c'est toujours une fille…"
"Et si une de tes filles te disait que dans la maison de son époux sa belle-mère la maltraite, que dirais-tu ?"
"Qu'elle est méchante. Car elle devrait lui apprendre les usages de la maison - chaque maison a les siens - avec bonté, surtout si l'épouse est jeune. Je dirais qu'elle devrait se rappeler du temps où elle était nouvelle épouse, et comme elle était charmée par l'amour de sa belle-mère si elle avait eu assez de chance pour la trouver bonne, et comme elle avait souffert si elle avait eu une belle-mère méchante. Et ne pas faire souffrir ce qu'elle n'avait pas souffert, ou ne pas faire souffrir parce qu'elle sait ce que c'est que de souffrir. Oh! je la défendrais ma fille !"
"Quel âge a ta bru ?"
"Dix-huit, Rabbi. Elle a épousé Jacob il y a trois ans"
"Très jeune. Est-elle fidèle à son mari ?"
"Oh ! oui. Toujours à la maison et toute aimante pour lui et le petit Lévi, et la petite, la petite qui s'appelle Anne, comme moi. Elle est née à Pâque... Elle est si belle !..."
"Qui a voulu qu'elle s'appelle Anne ?"
"Marie, hein ! Lévi était le nom du beau-père et Jacob l'a donné au premier-né. Et Marie, quand elle a eu la petite, a dit : "À celle-ci le nom de ta mère"
"Et cela ne te paraît pas amour et respect ?"
La petite vieille réfléchit... Jésus enchaîne :
"Elle honnête, elle toute à sa maison, elle épouse affectueuse et mère aimante, elle soucieuse de te faire plaisir... Elle pouvait donner à la fille le nom de sa propre mère. Elle a donné le tien. Elle honore ta maison par sa conduite..."
"Oh ! pour cela, oui ! Elle n'est pas comme cette malheureuse de Jisabel."
"Alors, pourquoi ces lamentations et ces plaintes à son sujet ? Ne te paraît-il pas d'avoir deux mesures en portant sur la bru un jugement différent de celui que tu porterais sur une fille ?"
"C'est que... c'est que... elle m'a pris l'amour de mon fils. Avant, il était tout pour moi, maintenant, il l'aime plus que moi..." L'éternelle véritable raison des préjugés des belles-mères déborde finalement du cœur de la petite vieille en même temps que les larmes de ses yeux.
"Ton fils te fait-il manquer de quelque chose ? Te néglige-t-il depuis qu'il est marié ?..."
"Non, je ne puis le dire. Mais, en somme, maintenant il appartient à sa femme..." elle gémit et pleure plus fort.
Jésus a un sourire apaisé de compassion pour la petite vieille jalouse. Mais, doux comme il l'est toujours, il ne lui fait pas de reproches. Il compatit à la souffrance de la mère et cherche à l'apaiser. Il pose sa main sur l'épaule de la petite vieille, comme pour la guider car les larmes l'aveuglent, peut-être pour lui faire sentir par ce contact tant d'amour qu'elle en soit consolée et guérie.
(...)
Suit un bel enseignement que Jésus adresse à cette femme sur le 5e commandement "Honore ton père et ta mère", puis :

« Toi, mère, tu dois donc accepter, sans égoïsme, l'amour de ton fils pour sa femme, et tu seras sainte toi aussi. Du reste tout sacrifice a sa récompense dès cette Terre. Ne t'est-il pas doux d'embrasser tes petits-enfants, les enfants de ton fils ? Et ne sera-t-il pas paisible le soir de ta vie et ton dernier sommeil avec, tout proche, le délicat amour d'une fille pour prendre la place de celles que tu n'as plus dans ta maison ?..."

Tout ce qui relève de la psychologie semble complètement échapper à DGC, dans son « article sur les aspects psychologiques des personnages » qui n’en a décidément que le nom.

Dans la dictée conclusive de l’œuvre, que nous avons souvent eu l’occasion de citer, « Jésus » défend le personnage de sa mère en la comparant avec les femmes d’aujourd’hui, et ce n’est pas à leur avantage : « prétendriez-vous, vingt siècles plus tard, quand la perversité de la vie a tué tant d’amour, que vous devez trouver en ces pages une Marie de Nazareth qui ressemble à la femme indifférente et superficielle de votre temps ?
Marie est ce qu’elle est, et on ne change pas la douce, pure, affectueuse fille d’Israël, épouse de Dieu, mère virginale de Dieu, en une femme excessivement exaltée, ou une femme glacialement égoïste de votre siècle. » (X, 38, 298-299)


Non, Jésus ne se répand pas en continuelles critiques de la gente féminine dans l'EMV, bien loin de là ! C'est même souvent le contraire.

Mais regardez comme ici, c’est subtilement amené par DGC : il veut si possible détourner par avance notre attention du fait qu’il va se permettre lui-même de critiquer – et pas qu’un peu – la personne de la très douce, très pure et affectueuse fille d’Israël, épouse de Dieu, mère virginale de Dieu qu’est Marie dans l’EMV, pour pointer le fait que « Jésus prend sa défense » à la fin de l’œuvre (sous entendu : tel un gourou prendrait la défense de sa secte), et distingue bien sa Mère des femmes modernes.

1 . En creux, cela signifie d’abord que DGC se trouve ainsi dérangé dans sa petite habitude de comparer les femmes qui l’entourent - et qu’il apprécie grandement au point de ne les critiquer en rien, comme l’aurait fait selon lui le Christ - à la sainte Vierge. On pourrait penser à première vue que cela ressemble vaguement à de la charité, mais un examen un peu plus attentif nous indique qu’il n’en est rien. Un prêtre risque d’être flatté et courtisé par des femmes qu’il s’abstiendrait toujours de critiquer en quoi que ce soit, voire qu’il couvrirait de louange. Tel n’était pas le cas chez un saint padre Pio ou un saint curé d’Ars.

2. DGC devrait savoir depuis longtemps que lorsque Jésus dans l’Evangile décrit les mauvais traits de caractère d’un groupe de personnes, il peut néanmoins s’y trouver plusieurs parmi elles qui fassent mentir ces généralités. Par exemple : même si comme Il le dit, les pharisiens étaient bien « hypocrites » (Matt 23,13), « fils du Démon » (Jean 8,44), « remplis d’ossement et de pourriture » (Matt 23,27), tel n’était pourtant pas le cas ni pour Gamaliel, ni pour Joseph d’Arimatie, ni pour Nicodème, et encore bien d’autres pharisiens qui devinrent ses disciples sincères.

3. Comme toujours, DGC se retrouve à la place de l’élève en psychologie, et non pas à celle de professeur. Donnons-lui donc encore une petite « leçon pour les nuls » :

-Non, les guerres n’arrivent jamais par hasard, et derrière des hommes belliqueux, avides et fourbes qui déclenchèrent le premier et le second conflit mondial, se cachaient souvent des femmes telles que Jésus les décrit ici : « Indifférentes et superficielles, excessivement exaltées, ou glacialement égoïstes », bien moins en peine d’aimer leurs semblables que de courir après le luxe moderne, la dernière mode et les potins. Bien entendu, il ne s’agit pas ici de généraliser, ni de rejeter sur elles l’entière responsabilité de ce qui arriva, mais elles en eurent largement leur part, alors qu’on est habitué à considérer la guerre à tort comme une histoire exclusivement masculine.
-Jésus n'ignore rien de la culture de l'image de soi, hyper-exacerbée depuis le XXe siècles par l'avènement du film, de la télévision, des journaux, érigeant en culte la féminité, avec toutes les conséquences psychologiques néfastes que cela impliqua chez nos consœurs ... Et si DGC espérait découvrir dans l’EMV le « Jésus féministe » dont il rêvait, on comprend qu’il ait de quoi être parfois un peu déçu.

Les relations de « Jésus » et de Marie, soit en privé, soit en public, sont intenses, intimes.

1. Si on s’en étonne avec DGC, alors il faudra aussi s’étonner que les relations du Père et du Fils, soit en privé, soit en public - car Jésus les manifeste dans son Incarnation -, soient intenses et intimes : Jésus est en effet « le Fils Bien-Aimé du Père qui a toute sa faveur » (Matt 3,17), Lui et Jésus « sont un » (Jean 10,30) : comment faire plus intime que cela ? Mais l’Amour étant la Nature même de Dieu et de sa relation avec Lui-même, cela est donc plutôt logique.

2. « Comme le Père m’a aimé, Moi-aussi Je vous ai aimés », nous dit Jésus (Jean 15,9).
Ce n’était certainement pas pour en exclure sa Mère, la Première dans son Cœur brûlant du plus ardent Amour, que Jésus aima comme aucune autre de ses créatures, de tout son Être divin.

3. On se demande comment les Deux seuls Immaculés que la terre ait jamais portés - qui plus est : une Mère et son Fils ! - auraient pu garder chacun froidement leurs distances, et ne pas être au contraire les plus chers confidents l'un pour l'autre, bien d’avantage que l'âme la plus ardente ne peut l'être du Christ au tabernacle.

Nous avons déjà eu l’occasion de citer le passage où « Jésus » modifie le texte canonique de l’Évangile des noces de cana (Jn 2) pour y ajouter un « désormais » tout à fait absent des manuscrits les plus antiques : « Femme, qu’y a-t-il désormais entre toi et moi ? »

1). DGC semble être passionné par la vie de saint Bernard, servant même de guide pour faire visiter sa maison natale à Fontaine-les-Dijons : mais un peu moins passionné par ses écrits, apparemment, sinon il les connaîtrait. C’est ce grand docteur de l’Église qui va lui-même lui répondre au sujet des noces de Cana :

« Mais qui ne se serait ému de la réponse qu’aux noces de Cana le Seigneur fit à sa très obligeante et très sainte Mère en lui disant : « Qu’y a-t-il à toi et à Moi, femme ? » Qu’y a-t-il à Toi et à elle, Seigneur ? N’est-ce pas ce qu’il y a au fils et à la mère ? Tu cherches en quoi tu la concernes, alors que tu es le fruit béni de son sein immaculé ? N’est-ce pas elle qui t’a conçu en toute pureté et mis au monde sans corruption ? N’est-elle pas la femme dans le sein de qui tu es resté neuf mois, dont les virginales mamelles t’ont allaité, en compagnie de qui Tu es descendu de Jérusalem alors que Tu avais douze ans, et à qui Tu étais soumis ? Mais en ce moment, pourquoi lui fais-Tu de la peine en disant : « Qu’y a-t-il à Moi et à toi ? » Il y a beaucoup, et sous tous rapports. Mais déjà je le vois avec évidence, ce n’est pas dans un mouvement d’irritation, ni dans le dessein de troubler la délicate modestie de la Vierge ta Mère que Tu as dit : « Qu’y a-t-il à Moi et à toi ? », puisqu’au moment où les serviteurs se présentent devant Toi pour obéir à ta Mère, Tu n’hésites pas un instant à accomplir ce que cette mère a suggéré.
Dans quel but alors, frères, dans quel but répondait-Il tout d’abord de cette manière ? C’est pour nous, à n’en pas douter, POUR QUE DÉSORMAIS le souci de la parenté charnelle ne trouble pas ceux qui se sont donnés au Seigneur, et que de telles préoccupations n’entravent pas le travail spirituel. (…)
( Saint Bernard, « Écrits sur la sainte Vierge » Médiaspaul p.123-124)

Bien avant Maria Valtorta, saint Bernard explique déjà cette réponse évangélique apparemment abrupte, voire carrément impolie et irrespectueuse de Jésus à sa Mère, propre à peiner celle-ci, par un « désormais » : il y a tout de Lui à elle, mais désormais les liens de la chair qui les unissent si tendrement jusqu’à la mort seront subordonnés à sa Mission qui passera en premier. Marie le comprend bien, et désormais nous aussi.

2 Le désormais est donc bien sous-entendu dans le texte de saint Jean : il ne dénature en rien le sens de la phrase du Christ, et permet au contraire de le préciser admirablement, comme Jésus en donne l’explication limpide dans ce passage de l'EMV.

3. Jésus doit désigner par « traducteurs » tous ceux qui, après sa Résurrection, ont parlé de l’épisode des noces de Cana, saint Jean étant le seul et unique d’entre eux à l’avoir fait par un écrit qui nous soit parvenu. Effectivement, l’apôtre bien-aimé ne mentionne pas ce « désormais », et cependant : c’est toujours avec la nuance qu’apporte ce mot que ce passage a été lu et compris depuis 2000 ans. Il est donc fort possible et probable, quoi que personne ne soit obligé d’y croire, que la phrase originelle du Christ contienne cet adverbe.

Cette addition (présentée comme une restauration de la traduction) est expliquée de la manière suivante :

« Je fus le Fils soumis à la Mère, jusqu’au moment où la volonté de mon Père m’indiqua que l’heure était venue d’être le Maître. A partir du moment où ma mission commença, je ne fus plus le Fils soumis à la Mère, mais le Serviteur de Dieu. Les liens
MORAUX (Nv.Trad.) qui m’unissaient à celle qui m’avait engendré étaient rompus. Ils s’étaient transformés en liens de plus haut caractère. Ils s’étaient tous réfugiés dans l’Esprit. L’Esprit appelait toujours : « Maman » Marie, ma sainte. L’amour ne connut pas d’arrêt, ne s’attiédit pas, au contraire, il ne fut jamais aussi parfait que lorsque, séparé d’elle pour une seconde naissance, elle me donna au monde, pour le monde, comme Messie, comme évangélisateur. » // passage coupé par DGC : « Sa troisième, sublime maternité mystique, ce fut quand, dans le déchirement du Golgotha, Elle m'enfanta à la Croix, en faisant de Moi, le Rédempteur du monde. » //
(II, 15, 66 anc.éd.)
Passage coupé qui montre bien à quel point Marie vit l’offrande totale de son Fils, dans l’EMV, sans l’aimer le moins du monde d’un amour « captateur » : c’est peut-être justement pour cela que DGC l’a coupé...

En considérant les événements rapportés dans l’œuvre, l’opposition entre ces deux moments de la vie de « Jésus », avant et après cana, étonne. En effet, les liens filiaux qui, selon Valtorta, sont désormais « réfugiés dans l’Esprit », « rompus », sont bien au contraire concrets, fréquents, charnels.

Bien que cela ait complètement échappé à DGC - peut-être simplement pour une histoire de traduction de l’œuvre en français -, il est ici très clairement dit que Jésus, désormais investi par le Père de la fonction de Maître de ses disciples, ne dépendait plus des liens moraux qui le soumettaient jusqu’ici à Marie sa mère, durant la vie cachée à Nazareth.

Que ces liens moraux ait été rompus en pareille circonstance était parfaitement normal, mais n’impliquait en aucune façon que se brisent avec eux les liens de tendre affection qui unissaient irrévocablement les deux Purs de la terre : « L’amour ne connut pas d’arrêt, ne s’attiédit pas, au contraire » , voilà qui interdit de croire ce que suggère faussement DGC, qu’il y ait eut rupture entre un « avant » et un « après » Cana, dans les liens de tendre amour unissant Jésus et Marie : ceci est une erreur de lecture, et non ce que dit le Christ dans l’EMV.

Pourtant : ce temps de tendre complicité sans entrave entre la Mère et le Fils toujours ensemble à Nazareth, où le Christ ne s'était pas manifesté encore au monde, était désormais terminé : et il s'en suivrait trois années de durs sacrifices pour les deux Enamourés, où leur soif de partage devrait faire beaucoup de place à la Mission du Christ tout donné au salut des pauvres pécheurs, et où la plupart du temps, l'amour entre Jésus et Marie se réfugierait dans la sphère purement spirituelle, à distance l’un de l’autre.

Et c'est d'ailleurs ce que l'on voit à Cana dans MV, (Tome 1, chap.52 Nv.Ed.) lorsque Marie, invitée comme lui, accueille Jésus son Fils chéri, non pas avec un débordement d'effusion maternelle, mais avec un infini respect de sa nouvelle dignité, telle la Mère d'un Roi entrant dans sa charge.

C'est bien de cette nouvelle donne dont parle Jésus dans le passage cité par DGC, et qui a donc pleinement son sens dans l'œuvre, car elle n'exclue pas le moins du monde, par la suite, les saints transports d'amour entre le Fils et sa Mère Immaculée.

Citons le reste de l’explication que donne Jésus dans l’épisode de Cana :

"Qu'y a-t-il désormais entre Moi et Toi ?". J'étais d'abord tien, uniquement tien. Tu me commandais, Je t'obéissais. Je t'étais "soumis". Maintenant, j'appartiens à ma mission.
Ne l'ai-je peut-être pas dit ? "Celui qui met la main à la charrue et se retourne pour saluer ceux qui restent, n'est pas apte au Royaume de Dieu". J'avais mis la main à la charrue pour ouvrir avec le soc, non pas la glèbe mais les cœurs, pour y semer la parole de Dieu. Je ne l'avais enlevée cette main que quand on me l'avait arrachée de là pour la clouer à la Croix et pour ouvrir par la torture de ce clou le Cœur de mon Père en faisant sortir de la plaie le pardon pour l'humanité.

Ce "désormais", oublié par plusieurs, voulait dire ceci :

"Tu m'as été tout, ô Mère tant que je fus le Jésus de Marie de Nazareth et tu m'es tout en mon esprit mais, depuis que je suis le Messie attendu, j'appartiens à mon Père.
Attends encore un peu et ma mission terminée, je serai de nouveau tout à toi. Tu me recevras encore dans tes bras comme quand j'étais petit et personne ne te le disputera plus, ce Fils qui est le tien que l'on regardera comme la honte de l'humanité, dont on te jettera la dépouille pour te couvrir toi aussi de l'opprobre d'être la mère d'un criminel. Et puis tu m'auras de nouveau, triomphant et puis, tu m'auras pour toujours, triomphante toi aussi, au Ciel. Mais maintenant, j'appartiens à tous ces hommes et j'appartiens au Père qui m'a envoyé vers eux".

Voilà ce que veut dire ce petit "désormais", si chargé de signification."
( Tome 1, chap.52, 356 Nv.Ed )

Jésus ne cesse donc pas de vouloir partager avec Marie sa tendresse maternelle, et donnera à celle-ci sa juste place durant sa Vie publique quand l’occasion le permettra. Mais ce sera très insuffisant pour satisfaire pleinement le Cœur douloureux et Immaculé de l’Enamourée de son Divin Fils : elle aura pleine satisfaction au Ciel.

Tout ce que vient de dire DGC sur Cana et les liens de tendresse unissant Jésus et Marie est donc invalidé.

Si sa mère n’est pas déjà à ses côtés, « Jésus » lui rend fréquemment visite au cours de son ministère public, pour de longs entretiens.

[après une absence de Jésus pour son ministère] « Oh ! Fils chéri ! Tu as soif ? Oh ! Bien sûr. Je vais te préparer… » « Soif de ton baiser, Maman, de tes caresses. Laisse-moi rester ainsi, la tête sur ton épaule, comme quand j’étais tout petit… Oh ! Maman ! Comme tu me manques ! » « Mais dis-moi de venir, Fils, et je viendrai. Qu’est-ce qui t’a manqué pendant mon absence ? Une nourriture préférée ? Des vêtements frais ? Un lit bien fait ? Oh ! Dis-le-moi, ma joie, qu’est-ce qui t’a manqué ? Ta servante, Ô mon Seigneur, essaiera d’y pourvoir. » « Rien que toi. » (II, 54, 296)


À qui ce passage ne ferait-il pas penser à la mère d'un prêtre, aux petits soins pour son cher fils qu'elle retrouve enfin, et à son fils n'ayant à l'esprit que le commandement : "Honore ton père et ta mère" ?

« Maman ! Maman ! (…) ma force me vient de tes prières. Mon esprit trouve le repos en pensant à toi et maintenant, voilà, mon cœur trouve le réconfort en restant ainsi, la tête contre ton cœur béni… Maman ! … » Jésus a attiré près de lui sa mère debout près de lui qui est assis sur un coffre contre le mur, et il appuie son front sur la poitrine de Marie qui caresse doucement ses cheveux… une pause toute d’amour. » (VI, 125, 303)


Dès que l'on remet ses citations dans leur contexte, c'est l'estocade qui achève de détruire cet article illusoire. Alors que DGC voudrait nous faire croire, par un procédé subtilement mensonger, à un Jésus dans l'EMV pétri de sensiblerie maladive dès qu'Il aperçoit sa Mère, voici en réalité ce qu'il en est dans le texte original complet, en ce passage de tendres retrouvailles entre les deux Immaculés :

EMV 433.1 - Louanges à la Vierge

"Quand on arrive de Séphoris, on entre à Nazareth par le côté nord-ouest, le plus élevé et le plus pierreux. L’amphithéâtre sur lequel Nazareth est bâtie en terrasses apparaît dans toute son étendue lorsqu’on atteint la crête de la dernière colline par cette route, qui descend assez rapidement par des ravins vers la petite ville. Si j’ai bon souvenir — car il s’est passé du temps, et beaucoup de sites montagneux se ressemblent —, Jésus se trouve à l’endroit précis où ses concitoyens essayèrent de le lapider et où il les arrêta par son pouvoir pour passer au milieu d’eux.

Jésus fait halte pour regarder sa chère ville qui lui est hostile, et un sourire de joie éclaire son visage. Quelle bénédiction, que les Nazaréens ignorent et ne méritent pas, est donc ce sourire divin qui est sûrement source de grâces pour la terre qui l’a accueilli enfant et l’a vu grandir, où sa Mère est née et où elle est devenue Epouse et Mère de Dieu !

Ses deux cousins eux aussi regardent leur ville avec une joie manifeste. Alors que celle de Jude est tempérée par un air sérieux, austère, retenu, celle de Jacques est plus ouverte et plus douce, plus semblable à la joie de Jésus.

Bien que ce ne soit pas sa ville, Thomas en a le visage tout illuminé et il dit, en montrant la petite maison de Marie, du four de laquelle la fumée monte en spirales :

« La Mère est à la maison et elle cuit le pain… »

Son élan d’amour est si grand, qu’il semble parler de sa propre mère avec toute l’affection d’un fils.

Simon le Zélote, plus calme en raison de son âge et de son éducation, sourit :

« Oui. Et sa paix arrive déjà à nos cœurs.

– Dépêchons-nous » dit Jacques. « Et suivons ce sentier pour arriver presque sans être vus des Nazaréens. Ils nous retiendraient…

– Mais vous vous éloignez de votre maison. Votre mère aussi voudra vous voir.

– Oh ! Tu peux être certain, Simon, que notre mère est chez Marie. Elle y est presque toujours, d’une part parce qu’elles font le pain, d’autre part à cause de la fillette malade.

– Oui, prenons ce chemin. Nous passerons derrière le jardin d’Alphée pour arriver à la haie de notre jardin » dit Jésus.

Ils descendent rapidement par le sentier, très abrupt au début, mais qui devient plus plat à mesure qu’on approche de la ville. Ils traversent des oliveraies, puis de petits champs nus, et longent les premiers jardins de la ville. Tous sont entourés de hautes haies feuillues sur lesquelles se penchent les frondaisons des arbres chargés de fruits, ou de murets en pierres sèches couverts à l’extérieur des branches des jardins. Aussi leur passage est-il inaperçu des ménagères qui vont et viennent dans les jardins, font la lessive ou encore l’étendent sur les petits prés à côté des maisons…

La haie qui borde d’un côté le jardin de Marie est en hiver tout un entrelacement d’épines, mais en été un vrai fouillis de feuilles après la floraison de l’aubépine au printemps, ou l’apparition des baies rouges à l’automne. En ce moment, elle est embellie par un jasmin vigoureux et par l’ondulation des calices de fleurs, dont je ne connais pas le nom mais qui, de l’intérieur du jardin, étendent leurs rameaux sur la haie pour la rendre plus fournie et plus belle. Une fauvette chante dans les buissons, et de l’intérieur arrive un roucoulement de colombes.

« La grille aussi est réparée et toute couverte de branches en fleurs », dit Jacques qui est accouru en avant pour regarder la grille rustique à l’arrière du jardin, restée des années sans servir, celle qui a permis de faire entrer et sortir la charrette de Pierre pour Jean et Syntica.

« Nous allons passer par le sentier et frapper à la porte. Ma Mère serait peinée de voir détruit cet abri, lui répond Jésus.

– Son jardin clos ! s’écrie Jude.

– Oui. Et elle en est la rose, lance Thomas.

– Le lys parmi les épines, complète Jacques.

– La fontaine scellée, ajoute Simon le Zélote.

– Mieux : la source d’eau vive qui, en jaillissant impétueusement du beau mont, donne l’Eau de Vie à la terre et s’élance avec sa beauté parfumée vers le Ciel, dit Jésus.

– D’ici peu, elle va être heureuse de te voir, s’exclame Jacques.

– Mon Frère, dis-moi quelque chose que je désire savoir depuis longtemps. Comment vois-tu Marie ? Comme ta Mère ou comme une sujette ? C’est ta Mère, bien sûr, mais c’est une femme et tu es Dieu… dit Jude.

– Comme une sœur et une épouse, comme le délice et le repos de Dieu, le réconfort de l’Homme. C’est tout que je vois et possède en Marie, comme Dieu et comme homme. Celle qui faisait les délices de la deuxième Personne de la Trinité au Ciel, les délices du Verbe comme du Père et de l’Esprit, fait aujourd’hui les délices du Dieu incarné et fera, plus tard, celles de l’Homme-Dieu glorifié.

– Quel mystère ! Dieu s’est donc privé deux fois de ses complaisances, en toi et en Marie… et il vous a donnés à la terre…
médite Simon le Zélote.

– Quel amour, devrais-tu dire. C’est l’amour qui a poussé la Trinité à donner Marie et Jésus à la terre, souligne Jacques.

– Et, non pas pour toi qui es Dieu, mais pour sa Rose, il n’a pas craint de la confier aux hommes, qui sont tous indignes de la protéger ? demande Thomas.


– Thomas, c’est le Cantique qui te répond : “ Le Pacifique avait une vigne, et il la confia à des vignerons ; ceux-ci étaient des profanateurs poussés par le Profanateur, et ils auraient donné de fortes sommes pour la posséder, ils auraient mis en œuvre toutes les séductions possibles, mais la belle Vigne du Seigneur se garda toute seule et ne voulut donner son fruit qu’au Seigneur, ne s’ouvrir qu’à lui pour engendrer le Trésor sans prix : le Sauveur. ” »

Les voilà parvenus au seuil de la maison. Tandis que Jésus frappe à la porte fermée, Jude remarque :

« Ce serait l’occasion de dire : “ Ouvre-moi, ma sœur, mon épouse, mon aimée, ma colombe, mon immaculée… ” »

Mais quand la porte s’entrouvre et qu’apparaît le doux visage de la Vierge, Jésus ne dit que le plus tendre des mots, en ouvrant les bras pour la recevoir :

« Maman !

– Oh ! Mon Fils ! Béni sois-tu ! Entre, et que la paix et l’amour soient avec toi !

– Et aussi avec ma Mère, avec la maison, et ceux qui s’y trouvent, dit Jésus en entrant, suivi des autres.


– Votre mère est à côté, tandis que les deux disciples s’emploient à faire le pain et la lessive… » explique Marie, après avoir échangé des salutations avec les apôtres et ses neveux.

Ceux-ci, par discrétion, se retirent pour laisser la Mère seule avec son Fils.

« Me voilà tout à toi, Mère. Nous allons rester quelque temps ensemble… Comme il est doux de revenir et de retrouver… la maison et toi surtout, Mère, après tant de voyages parmi les hommes…

– Qui te connaissent de plus en plus et, pour cette raison, se divisent en deux branches : ceux qui t’aiment… et ceux qui te haïssent… Et la plus grosse des deux, c’est cette dernière…

– Le Mal sent qu’il va être vaincu, il est furieux… et il rend furieux… Comment va la fillette ?

– Légèrement mieux… Mais elle a bien failli mourir… Pourtant ses paroles, maintenant qu’elle ne divague plus, correspondent, bien qu’en plus réservé, à celles qui lui venaient dans son délire. Ce serait mentir de prétendre que nous l’avons délivrée de ses mauvais souvenirs… La malheureuse !…

– Oui. Mais la Providence a veillé sur elle.

– Et maintenant ?

– Je ne sais pas. Auréa ne m’appartient pas comme créature. Son âme est à moi, mais son corps appartient à Valéria. Pour le moment, elle va rester ici, afin d’oublier…

– Myrta voudrait bien l’avoir.

– Je le sais… Mais je n’ai pas le droit d’agir sans la permission de la Romaine. Je ne sais même pas si elles l’ont acquise contre de l’argent ou si elles ont seulement employé l’arme des promesses… Quand la Romaine la réclamera…

– J’irai moi-même la voir à ta place, mon Fils. Il n’est pas bon que tu y ailles… Laisse faire ta Maman. Nous autres, femmes… ces êtres insignifiants pour Israël, on ne nous observe pas autant si nous allons parler à des païens. Et ta Maman est si inconnue du monde ! Personne ne remarquera la femme du peuple hébraïque qui, enveloppée dans son manteau, parcourt les rues de Tibériade et frappe à la maison d’une dame romaine…

– Tu pourrais aller chez Jeanne… et là, parler à la femme…

– C’est ce que je vais faire, mon Fils. Que ton cœur soit soulagé, mon Jésus !… Tu es tellement affligé… Je le comprends… et je voudrais tant faire pour toi…

– Tu fais beaucoup, Maman. Merci pour ton soutien…

– Oh ! je suis une aide bien pauvre, mon Fils ! Car je ne réussis pas à te faire aimer, à te donner… de la joie… tant qu’il t’est accordé d’en avoir un peu… Que suis-je donc alors ? Une bien pauvre disciple…

Maman, Maman ! Ne parle pas ainsi ! Ma force me vient de tes prières. Mon esprit trouve le repos en pensant à toi, et maintenant, de rester ainsi, la tête contre ton cœur béni, réconforte mon cœur… Maman !… »


Jésus a attiré près de lui sa Mère, debout à ses côtés. Il est assis sur un coffre contre le mur, et appuie son front contre la poitrine de Marie, qui caresse doucement ses cheveux… C’est une attitude pleine d’amour.

Puis Jésus relève la tête et se met debout.

« Allons trouver les autres et la fillette » dit-il en sortant avec sa Mère dans le jardin. (...)"

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---> À mille lieux donc d'être ce que DGC insinue, c'est-à-dire ce "petit fi-fils à sa man-man" de maternelle pleurant dès qu'il voit sa mère venir le chercher, Jésus se montre bien au contraire ici le Consolateur de Marie sa Mère tellement affligée de son impuissance à Le faire aimer, d'être incapable de Le protéger contre ses ennemis, et se trouvant pour cela "une bien pauvre disciple" : ce à quoi le Christ réagit immédiatement par un débordement de tendre affection et de réconfort envers elle, en parole et en acte, afin de Lui montrer à quel point son Coeur est rempli de gratitude envers elle qui Le console plus que tous les autres réunis de l'ingratitude des hommes, et ne peut pas en faire davantage pour Le servir.

---> Et ce n'est donc pas seulement l'EMV qui pose un gros problème à la sensibilité effarouchée de l'auteur, mais également tout ce qui y est semblable, par exemple l'attitude de sainte Thérèse de l'Enfant Jésus telle que nous la relate sa soeur Pauline, qui était alors mère Agnès de Jésus :

"Pendant qu'on arrangeait ses oreillers, le soir, elle appuya sa tête sur moi en me regardant avec tendresse. Cela m'a rappelé le regard de l'Enfant Jésus à la Sainte Vierge quand il écoute la musique de l'ange sur l'image où elle disait de la sainte Vierge : "C'est Pauline en idéal". ( Derniers entretiens, 10 septembre )

"Je vous aime beaucoup, mais beaucoup ! Quand j'entends ouvrir la porte, je crois toujours que c'est vous ; et quand vous ne venez pas, je suis toute triste.
Donnez-moi un baiser, un baiser qui fasse du bruit ; enfin, que les lèvres fassent "pit !"
Il n'y a qu'au ciel que vous saurez ce que vous m'êtes... Vous m'êtes une lyre, un chant... bien plus qu'une boîte à musique, allez ! Même quand vous ne dites rien. "
( Ibid. 11 septembre )

---> On a bien compris que rien n'est plus scandaleux pour DGC que cette attitude de "petite enfant gâtée à sa maman", réclamant encore des bisous, et adressant carrément des mots doux à celle qui n'aurait du représenter pour elle que l'autorité à qui l'on obéi, en se passant de telles mièvreries, comme une vraie carmélite disciplinée ! Mais peut-être DGC a-t-il tout simplement oublié que nous nous trouvions dans la religion de l'Amour, et que l'Amour n'a rien qui puisse déplaire au Bon Dieu.

Et sainte Thérèse avait aussi envisagé les mêmes circonstances d'éloignement que Jésus et Marie dans l'oeuvre, et leurs conséquences affectives :

« S’il me fallait un jour quitter mon cher Carmel, ah ! ce ne serait pas sans blessure, Jésus ne m’a pas donné un cœur insensible et c’est justement parce qu’il est capable de souffrir que je désire qu’il donne à Jésus tout ce qu’il peut donner. Ici, Mère bien-aimée, je vis sans aucun embarras des soins de la misérable terre, je n’ai qu’à remplir la douce et facile mission que vous m’avez confiée. Ici je suis comblée de vos prévenances maternelles, je ne sens pas la pauvreté n’ayant jamais manqué de rien. Mais surtout, ici je suis aimée, de vous et de toutes les sœurs, et cette affection m’est bien douce. Voilà pourquoi je rêve un monastère où je serais inconnue, où j’aurais à souffrir la pauvreté, le manque d’affection, enfin l’exil du cœur. » ( sainte Thérèse de Lisieux, autobiographie, manuscrit C folio 10 ).
Comment Jésus et Marie auraient-ils pu vivre loin l’un de l’autre sans blessure ?

1 . DGC illustre ces « longs entretiens » entre Jésus et sa Mère par des extraits n’ayant aucun rapport avec son propos, car il s’agit plutôt dans celui-ci de la prévenance maternelle de Marie pour son Fils, et de la tendre affection de Celui-ci pour celle qui l’a mis au monde. Si l’on se choque de la présente réaction de Marie, alors il faut aussi se choquer de celle qu’aura toute mère retrouvant un fils chéri devenu prêtre, ayant voué sa vie à le servir, suppléant par sa prévenance maternelle à ce dont le prive sa vie de célibataire.

2. DGC voudrait subtilement nous entrainer dans sa vision caricaturale de l’œuvre : « Si Jésus est tant accaparé par sa mère et passe autant de temps avec elle, c’est forcément qu’Il est sous sa coupe, et qu’elle est pour Lui une mère castratrice, maladivement exclusive, et que leur lien est toxique. Et comment pourrait-il en sortir autre chose qu’un Jésus déséquilibré, devenu Lui-même à son tour un gourou pour autrui ? »

Mais ce qui met à mal cette caricature de notre illusionniste, et qui va donner lieu à la prochaine petite « leçon pour les nuls » que je lui adresse : c’est l’Amour.

Jésus étant l’Amour Incarné, Il est tout naturel qu’Il prenne ce que le monde ne sait plus prendre : le temps d’aimer. Si quelqu’un dit à un autre qu’il l’aime, mais ne prend jamais ou très rarement le temps d’être avec lui, de lui parler seul à seul, alors c’est un menteur. « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma Parole, et le Père l’aimera, et nous viendront chez lui, et nous y établirons notre demeure. » (Jean 14,23)

Si Dieu parle ainsi, ce n’est pas pour se récrier ensuite. Et qui, plus que Marie, fut un véritable sanctuaire pour la Parole de Dieu, gardée, méditée, priée, contemplée ? (Luc 2,51 11,28) Si Jésus n’était donc pas allé voir fréquemment sa Mère pour s’entretenir tendrement, amoureusement avec elle, alors Il n’aurait tout simplement pas été à l’Image du Père qui agissait ainsi pour elle, et Il ne se serait pas montré véritablement Dieu.
« En vérité, en vérité, je vous le dis, le Fils ne peut rien faire de lui-même, il ne fait que ce qu'il voit faire au Père ; et tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait pareillement » (Jean 5:19)

La caricature de DGC est donc pulvérisée par l’Évangile selon saint Jean, mais pas seulement, comme nous allons maintenant le voir.

3. Et oui, car si DGC l’oublie c’est son problème : quant à nous, nous avons souvenir du cinquième Commandement divin, donné à Moïse par le Verbe au Sinaï, "honore ton père et ta mère" (Deut. 5,16). Et si Dieu donne ce commandement aux hommes, ce n’est pas pour s’en affranchir Lui-même le jour où Il s’incarne parmi eux pour être leur Modèle en tout dans l’accomplissement de la Loi (Matt 5,17).

Dieu a voulu avoir une Mère humaine, et comme Fils de cette Mère très pure, Il l’a honorée à la perfection. Marie était veuve, et cela n’aurait pas été l’honorer que de la vouer à un complet délaissement durant les trois années de vie publique, sans lui donner de nouvelle, sans chercher à la rencontrer le plus fréquemment possible, ce qu’accomplit sans se dérober même un prêtre très demandé par sa mission, pour peu qu’il n’ait pas oublié d’aimer ses parents.

Que dit d’ailleurs l’Évangile à ce sujet ? « Femme, voici ton fils. Voilà ta Mère. Et de ce jour, le disciple prit Marie chez lui » (Jean 19,25). Si Jésus confie sa Mère à son disciple saint Jean, cela signifie bien évidemment que :

- Personnellement, jusqu’à sa Passion, le Christ pourvoyait à être le Fils de Marie, la comblant de ses prévenances à la fois humaines et divines qui ne la laissèrent pas abandonnée - même si les contraintes de la Vie publique éloignèrent bien souvent les Deux Purs l’un de l’autre, leur amour mutuel étant réfugié alors dans la sphère purement spirituel –
- Et qu’après sa Passion, Jésus voulut que son disciple Jean prit sa place, car la pureté de celui-ci le rendait capable d’une pareille mission : ne pas laisser Marie seule sur la terre. C’est pour dire si personnellement, Il la laissait seule avant ! Autrement, pour obéir à cet ordre divin, saint Jean n’aurait pas pris Marie « chez lui ».

Les critiques de DGC sont donc atomisées par l’Évangile de saint Jean.

4. DGC, plutôt que d’illustrer son propos en citant les longs entretiens entre Jésus et Marie, se livre plutôt à une sorte de « chasse aux gestes de tendresse », car il s’en trouve apparemment profondément choqué. C’est qu’il n’a rien compris et ne veut rien comprendre au « désormais » des noces de Cana. Pour lui, c’est la fin définitive, voulue par Jésus, de toute marque visible d’affection entre Lui et sa Mère, et cela lui sert donc à caricaturer la moindre trace de tendresse découverte à postériori dans l’œuvre, entre les deux Personnages.

Alors que pour Jésus comme nous l’avons déjà vu, ce « désormais » désigne un changement radical dans sa propre fonction, et non pas dans la nature de ses rapports avec sa Mère. S’Il n’avait pas eu le monde à enseigner et à sauver par sa croix, bien sûr que rien n’aurait changé dans sa Vie cachée, dont la caractéristique principale fut d’avoir été parfaite en tout point, depuis sa Naissance à Bethléem et durant les trente années à Nazareth.

Et alors que pour combattre la malice présente en chaque enfant, une mère doit forcément renoncer en partie à la tendre affection qu’elle porte de manière visible à sa progéniture, afin de la corriger, l’éduquer plus ou moins péniblement et lui faire porter de bons fruits par la discipline, jamais il n’en fut ainsi pour Jésus et Marie : leur tendre affection ne fit que croître sans jamais devoir passer par un quelconque amoindrissement, fut-il passager, même si Marie fut préparée très tôt à l’épreuve par la Présentation, le Recouvrement au Temple, et les Paroles prophétiques de la Bible.

De sorte que la tendresse mutuelle de Marie et de Jésus demeura semblable, à l’âge adulte du Christ, à celle qu’ils avaient échangé à la crèche, semblable en intensité, et en pureté. C’est ce que nous constatons dans les extraits cités par DGC, et cela n’a pas le don de nous choquer, bien au contraire : car l’Amour édifie toujours.

Ici, Jésus repose la tête sur le sein maternel, comme il le fit si souvent durant sa vie d’enfance – adulte, n’est-Il pas toujours resté le Parfait Enfant à qui appartient le Royaume des Cieux ? – et ailleurs, saint Jean a le bonheur de faire de même en reposant sa tête sur la Poitrine de son divin Maître.

Si le deuxième geste ne choque pas, alors le premier non plus, étant de la même nature : un pur épanchement d'amour, qui devait nécessairement aussi se manifester par des signes visibles, de manière incarnée. Et surtout lorsqu’on sait grâce à l’EMV que ces signes se firent d’autant plus rares que Jésus se trouva accaparé par sa Mission, loin de Marie son Paradis sur terre.

Ils surent en faire désormais fréquemment le sacrifice pour le bien de cette mission. Marie, la Mère du Roi des rois, sut admirablement prendre la dernière place, et n'être à aucun moment un obstacle sur le chemin de son Fils et son Dieu. Elle sut aussi être « l'ange du réconfort », dont le Messie était le plus souvent privé parmi les hommes pécheurs.

Marie fut humblement une vraie Mère, et Jésus humblement un vrai Fils, et non pas un personnage rendu distant et froid de par sa nouvelle fonction.

5 . Mais jamais l'article de DGC ne résiste à l'estocade qui est de citer l'intégralité

« Jésus » se plaît à la donner en exemple et dévoile même devant tous, en sa présence, ses secrets les plus intimes – par exemple, ceux qui concernent l’annonciation.

Voici une merveilleuse preuve de la divinité de Jésus, que DGC voudrait nous présenter comme un véritable viol de la conscience d’autrui.

Dans le passage en question, bien au contraire, c'est la Sainte Vierge qui évoque la première ses souvenirs intimes de l'Annonciation, et Jésus en parle ensuite sans la prendre en défaut, avec son consentement.

Le Christ ne dévoile pas seulement le secret de sa Mère pour la profonde édification d’un auditoire restreint et choisi, mais Il donne une véritable preuve de son Identité, car seul un Dieu peut ainsi raconter dans les moindres détails les circonstances, pensées et paroles de l'Annonciation qui précéda sa Naissance, et cela : non parce que Marie Lui avait tout raconté, mais parce que c'est Lui qui créait sa mère à chaque instant, connaissant toute chose de toute éternité, sans que l’on ait besoin de rien Lui apprendre.

Cette preuve est certes moins éclatante que les miracles visibles aux yeux de tous, mais elle aurait néanmoins manqué si elle n’avait pas été.

[« Jésus » enseigne :] « et une femme pudique, la plus pudique de toutes les femmes, celle qui ne connaissait même pas la poussée instinctive de la chair, s’évanouit devant l’ange du Seigneur, parce que même un ange trouble l’humilité et la pudeur de la vierge, et elle ne se tranquillisa qu’en l’entendant parler, et elle crut, et elle dit la parole par laquelle « leur » amour devint chair et vaincra la mort, et il n’y a pas d’eau qui pourra l’éteindre ni de perversion qui puisse le submerger ».

Le secret intime que trahit ici Jésus est....... La pudeur et la pureté sans égal de sa Mère ! C'est pour dire l'inconvenance de cette "trahison" de la part de Jésus.

Jésus se penche doucement sur Marie qui a glissé à ses pieds comme extasiée dans le rappel d’une heure lointaine (…). Marie « repose sa tête sur les genoux du Fils, adorant. Jésus la voile de son manteau, en la cachant aux yeux de tous (…) Marie lève son visage trempé de larmes et murmure : « pourquoi, fils, m’as-tu fait cela ? Les secrets du roi sont sacrés… » « mais le roi peut les dévoiler quand il veut. » (V, 36, 246-247)

Ce qui ne peut manquer de nous rappeler la question de Marie au Recouvrement au Temple - « Pourquoi nous as-tu fais cela ? » (Luc 2,48) - a pour l’auteur une apparence suspecte. Le geste du Christ d’une touchante pudeur de voiler sa Mère au regard de tous le laisse insensible : tout doit rentrer dans son programme caricatural, ce qui est bon, comme… ce qui est bon.

Comment penser un seul instant que le Roi des rois aurait pu manquer de dévoiler à ses apôtres la Merveille des merveilles qu'était la Conception immaculée de Marie, à eux surtout qui auraient ensuite le devoir de répendre son culte par le monde entier ?

« De Maria, nunquam satis » : Saint Bernard ne pouvait pas se rassasier de parler de Marie, mais le Christ, Lui, aurait pu garder sous silence devant ses apôtres ce qui concernait sa sainte Mère, lassé de parler d’elle, sa parfaite créature ?

Marie se montre maternelle, protectrice, infantilisante parfois, et son amour captateur.
« Au moins, mon Jésus a sa maman », dit-elle en pensant aux moments où elle peut le suivre pour adoucir ses peines (VIII, 28, 251).
Il arrive à Marie de câliner « son Jésus » sur ses genoux.


« Mon Jésus, va où ta mission t’appelle, et surtout ne t’en fais pas pour moi, ce n’est plus comme avant où j’avais besoin de te sentir tout près et de t’aimer comme une mère», aurait certainement approuvé d’entendre DGC de la part d’une Vierge détachée, stoïque, sans affection humaine. Or Marie était pleinement humaine, et n’avait pas à combattre son humanité qui était sans péché, telle que Dieu l’avait formée.

« Je suis l'Homme, Lazare. Je ne suis pas seulement le Dieu. De l'homme j'ai la sensibilité et les affections. Et mon âme éprouve de l'angoisse quand je pense à ma Mère... » ( Tome 9, chap 587 Nv.Ed. )

Si ces paroles en tout point conformes à la foi catholique s’appliquent au Christ Dieu vrai Homme, elles s’appliquent tout autant à la sainte Vierge, sa Mère. Et la pureté, loin de supprimer ou d’émousser la sensibilité et les affections, les affine au contraire, de sorte que celui qui ainsi peut davantage aimer est exposé à en souffrir davantage.

Mais encore une fois, si la sainte Vierge avait pensé bon de « se purifier » de sa « trop vive affection » pour son petit Enfant de Bethléem, cela aurait voulu dire :
-que cette première affection de la Nativité n’était pas bonne de sa part, et donc que Marie n’était pas immaculée à Bethléem, ce qui contredit la foi catholique.
-que Jésus lui aurait demandé d’oublier le petit Enfant qu’Il avait été pour elle, alors qu’Il nous demande par ailleurs de redevenir nous-mêmes semblables aux petits enfants, ce qui est une nouvelle contradiction : comment Marie aurait pu oublier l’affection qu’elle avait pour son petit Enfant Dieu, alors qu’aucune mère digne de ce nom ne le peut ?
-et que cette si vive affection de Marie pour Jésus lorsqu’elle Le cherchait angoissée avec saint Joseph lors du Recouvrement au Temple disparut bel et bien avec les Paroles du jeune Christ de douze ans : l’Amour Incarné aurait éteint l’Amour dans le cœur de sa Mère, ce qui est une contradiction intolérable, contraire à la foi chrétienne.

Mais loin d’en rester seulement à cette aspect d’une si touchante tendresse, Marie se révèle dans l’EMV aux antipodes d’une mère possessive et castratrice : tellement respectueuse au contraire, tellement humble, sachant s'effacer complètement devant Jésus, l'appelant solennellement "Fils" la plupart du temps – comme à Cana -, ne faisant que se consumer avec Lui au service de sa mission de Rédempteur, en véritable Corédemptrice.

Marie se révèle le Modèle parfait de la mère toute dévouée, à qui il est parfois permis de s'occuper un peu de son fils prêtre ne prenant pas beaucoup de temps pour s'occuper de lui-même. Cela s'appelle : charité chrétienne, et vénération pour un fils saint, et non pas « amour possessif » dont le propre est de se plaindre de ne pas avoir l’exclusivité.

Or on n’entend jamais Marie se plaindre de quoi que ce soit, tout au long de l’œuvre, ni montrer la moindre jalousie envers ceux qui bénéficient plus qu’elle de la Présence du Christ, bien au contraire : elle est dans l’acceptation absolue, ce qui ne veut pas dire dans l’insensibilité, une distinction qu’apparemment DGC n’a pas appris à faire.

« Vous serez portés sur les bras, et caressés sur les genoux » ( Isaïe 66,12)
Comment Jésus aurait-Il pu interdire à Marie ce geste d’une innocence infinie, alors que c’était Lui-même qui était l’Auteur de cette prophétie ? D’autant plus qu’il nous rappelle à quel point Jésus fut l’Eternel Enfant, celui du Père comme celui de sa Mère terrestre. S’il y avait eu la moindre impureté dans les rapports entre Jésus et Marie, ce geste eut été condamnable : mais on sait bien ce qu’il en est réellement, et l’EMV ne fait que le confirmer à chaque chapitre.

"À des amants, il faut la solitude,
un cœur à cœur qui dure nuit et jour,
ton seul regard fait ma béatitude,
je vis d'amour",


chantait la petite Thérèse dans un poème : on se demande au nom de quoi la Sainte Vierge n'en aurait pas fait bien davantage par amour de son Fils, l'Amour incarné.
apvs
« Maman ! Maman ! (…) ma force me vient de tes prières. Mon esprit trouve le repos en pensant à toi et maintenant, voilà, mon cœur trouve le réconfort en restant ainsi, la tête contre ton cœur béni… Maman ! … » Jésus a attiré près de lui sa mère debout près de lui qui est assis sur un coffre contre le mur, et il appuie son front sur la poitrine de Marie qui caresse doucement ses cheveux… …More
« Maman ! Maman ! (…) ma force me vient de tes prières. Mon esprit trouve le repos en pensant à toi et maintenant, voilà, mon cœur trouve le réconfort en restant ainsi, la tête contre ton cœur béni… Maman ! … » Jésus a attiré près de lui sa mère debout près de lui qui est assis sur un coffre contre le mur, et il appuie son front sur la poitrine de Marie qui caresse doucement ses cheveux… une pause toute d’amour. » (VI, 125, 303)

Dès que l'on remet ses citations dans leur contexte, c'est l'estocade qui achève de détruire cet article illusoire. Alors que DGC voudrait nous faire croire, par un procédé subtilement mensonger, à un Jésus dans l'EMV pétri de sensiblerie maladive dès qu'Il aperçoit sa Mère, voici en réalité ce qu'il en est dans le texte original complet, en ce passage de tendres retrouvailles entre les deux Immaculés :

EMV 433.1 - Louanges à la Vierge

"Quand on arrive de Séphoris, on entre à Nazareth par le côté nord-ouest, le plus élevé et le plus pierreux. L’amphithéâtre sur lequel Nazareth est bâtie en terrasses apparaît dans toute son étendue lorsqu’on atteint la crête de la dernière colline par cette route, qui descend assez rapidement par des ravins vers la petite ville. Si j’ai bon souvenir — car il s’est passé du temps, et beaucoup de sites montagneux se ressemblent —, Jésus se trouve à l’endroit précis où ses concitoyens essayèrent de le lapider et où il les arrêta par son pouvoir pour passer au milieu d’eux.

Jésus fait halte pour regarder sa chère ville qui lui est hostile, et un sourire de joie éclaire son visage. Quelle bénédiction, que les Nazaréens ignorent et ne méritent pas, est donc ce sourire divin qui est sûrement source de grâces pour la terre qui l’a accueilli enfant et l’a vu grandir, où sa Mère est née et où elle est devenue Epouse et Mère de Dieu !

Ses deux cousins eux aussi regardent leur ville avec une joie manifeste. Alors que celle de Jude est tempérée par un air sérieux, austère, retenu, celle de Jacques est plus ouverte et plus douce, plus semblable à la joie de Jésus.

Bien que ce ne soit pas sa ville, Thomas en a le visage tout illuminé et il dit, en montrant la petite maison de Marie, du four de laquelle la fumée monte en spirales :

« La Mère est à la maison et elle cuit le pain… »

Son élan d’amour est si grand, qu’il semble parler de sa propre mère avec toute l’affection d’un fils.

Simon le Zélote, plus calme en raison de son âge et de son éducation, sourit :

« Oui. Et sa paix arrive déjà à nos cœurs.

– Dépêchons-nous » dit Jacques. « Et suivons ce sentier pour arriver presque sans être vus des Nazaréens. Ils nous retiendraient…

– Mais vous vous éloignez de votre maison. Votre mère aussi voudra vous voir.

– Oh ! Tu peux être certain, Simon, que notre mère est chez Marie. Elle y est presque toujours, d’une part parce qu’elles font le pain, d’autre part à cause de la fillette malade.

– Oui, prenons ce chemin. Nous passerons derrière le jardin d’Alphée pour arriver à la haie de notre jardin » dit Jésus.

Ils descendent rapidement par le sentier, très abrupt au début, mais qui devient plus plat à mesure qu’on approche de la ville. Ils traversent des oliveraies, puis de petits champs nus, et longent les premiers jardins de la ville. Tous sont entourés de hautes haies feuillues sur lesquelles se penchent les frondaisons des arbres chargés de fruits, ou de murets en pierres sèches couverts à l’extérieur des branches des jardins. Aussi leur passage est-il inaperçu des ménagères qui vont et viennent dans les jardins, font la lessive ou encore l’étendent sur les petits prés à côté des maisons…

La haie qui borde d’un côté le jardin de Marie est en hiver tout un entrelacement d’épines, mais en été un vrai fouillis de feuilles après la floraison de l’aubépine au printemps, ou l’apparition des baies rouges à l’automne. En ce moment, elle est embellie par un jasmin vigoureux et par l’ondulation des calices de fleurs, dont je ne connais pas le nom mais qui, de l’intérieur du jardin, étendent leurs rameaux sur la haie pour la rendre plus fournie et plus belle. Une fauvette chante dans les buissons, et de l’intérieur arrive un roucoulement de colombes.

« La grille aussi est réparée et toute couverte de branches en fleurs », dit Jacques qui est accouru en avant pour regarder la grille rustique à l’arrière du jardin, restée des années sans servir, celle qui a permis de faire entrer et sortir la charrette de Pierre pour Jean et Syntica.

« Nous allons passer par le sentier et frapper à la porte. Ma Mère serait peinée de voir détruit cet abri, lui répond Jésus.

– Son jardin clos ! s’écrie Jude.

– Oui. Et elle en est la rose, lance Thomas.

– Le lys parmi les épines, complète Jacques.

– La fontaine scellée, ajoute Simon le Zélote.

– Mieux : la source d’eau vive qui, en jaillissant impétueusement du beau mont, donne l’Eau de Vie à la terre et s’élance avec sa beauté parfumée vers le Ciel, dit Jésus.

– D’ici peu, elle va être heureuse de te voir, s’exclame Jacques.

– Mon Frère, dis-moi quelque chose que je désire savoir depuis longtemps. Comment vois-tu Marie ? Comme ta Mère ou comme une sujette ? C’est ta Mère, bien sûr, mais c’est une femme et tu es Dieu… dit Jude.

– Comme une sœur et une épouse, comme le délice et le repos de Dieu, le réconfort de l’Homme. C’est tout que je vois et possède en Marie, comme Dieu et comme homme. Celle qui faisait les délices de la deuxième Personne de la Trinité au Ciel, les délices du Verbe comme du Père et de l’Esprit, fait aujourd’hui les délices du Dieu incarné et fera, plus tard, celles de l’Homme-Dieu glorifié.

– Quel mystère ! Dieu s’est donc privé deux fois de ses complaisances, en toi et en Marie… et il vous a donnés à la terre…
médite Simon le Zélote.

– Quel amour, devrais-tu dire. C’est l’amour qui a poussé la Trinité à donner Marie et Jésus à la terre, souligne Jacques.

– Et, non pas pour toi qui es Dieu, mais pour sa Rose, il n’a pas craint de la confier aux hommes, qui sont tous indignes de la protéger ? demande Thomas.


– Thomas, c’est le Cantique qui te répond : “ Le Pacifique avait une vigne, et il la confia à des vignerons ; ceux-ci étaient des profanateurs poussés par le Profanateur, et ils auraient donné de fortes sommes pour la posséder, ils auraient mis en œuvre toutes les séductions possibles, mais la belle Vigne du Seigneur se garda toute seule et ne voulut donner son fruit qu’au Seigneur, ne s’ouvrir qu’à lui pour engendrer le Trésor sans prix : le Sauveur. ” »

Les voilà parvenus au seuil de la maison. Tandis que Jésus frappe à la porte fermée, Jude remarque :

« Ce serait l’occasion de dire : “ Ouvre-moi, ma sœur, mon épouse, mon aimée, ma colombe, mon immaculée… ” »

Mais quand la porte s’entrouvre et qu’apparaît le doux visage de la Vierge, Jésus ne dit que le plus tendre des mots, en ouvrant les bras pour la recevoir :

« Maman !

– Oh ! Mon Fils ! Béni sois-tu ! Entre, et que la paix et l’amour soient avec toi !

– Et aussi avec ma Mère, avec la maison, et ceux qui s’y trouvent, dit Jésus en entrant, suivi des autres.


– Votre mère est à côté, tandis que les deux disciples s’emploient à faire le pain et la lessive… » explique Marie, après avoir échangé des salutations avec les apôtres et ses neveux.

Ceux-ci, par discrétion, se retirent pour laisser la Mère seule avec son Fils.

« Me voilà tout à toi, Mère. Nous allons rester quelque temps ensemble… Comme il est doux de revenir et de retrouver… la maison et toi surtout, Mère, après tant de voyages parmi les hommes…

– Qui te connaissent de plus en plus et, pour cette raison, se divisent en deux branches : ceux qui t’aiment… et ceux qui te haïssent… Et la plus grosse des deux, c’est cette dernière…

– Le Mal sent qu’il va être vaincu, il est furieux… et il rend furieux… Comment va la fillette ?

– Légèrement mieux… Mais elle a bien failli mourir… Pourtant ses paroles, maintenant qu’elle ne divague plus, correspondent, bien qu’en plus réservé, à celles qui lui venaient dans son délire. Ce serait mentir de prétendre que nous l’avons délivrée de ses mauvais souvenirs… La malheureuse !…

– Oui. Mais la Providence a veillé sur elle.

– Et maintenant ?

– Je ne sais pas. Auréa ne m’appartient pas comme créature. Son âme est à moi, mais son corps appartient à Valéria. Pour le moment, elle va rester ici, afin d’oublier…

– Myrta voudrait bien l’avoir.

– Je le sais… Mais je n’ai pas le droit d’agir sans la permission de la Romaine. Je ne sais même pas si elles l’ont acquise contre de l’argent ou si elles ont seulement employé l’arme des promesses… Quand la Romaine la réclamera…

– J’irai moi-même la voir à ta place, mon Fils. Il n’est pas bon que tu y ailles… Laisse faire ta Maman. Nous autres, femmes… ces êtres insignifiants pour Israël, on ne nous observe pas autant si nous allons parler à des païens. Et ta Maman est si inconnue du monde ! Personne ne remarquera la femme du peuple hébraïque qui, enveloppée dans son manteau, parcourt les rues de Tibériade et frappe à la maison d’une dame romaine…

– Tu pourrais aller chez Jeanne… et là, parler à la femme…

– C’est ce que je vais faire, mon Fils. Que ton cœur soit soulagé, mon Jésus !… Tu es tellement affligé… Je le comprends… et je voudrais tant faire pour toi…

– Tu fais beaucoup, Maman. Merci pour ton soutien…

– Oh ! je suis une aide bien pauvre, mon Fils ! Car je ne réussis pas à te faire aimer, à te donner… de la joie… tant qu’il t’est accordé d’en avoir un peu… Que suis-je donc alors ? Une bien pauvre disciple…

Maman, Maman ! Ne parle pas ainsi ! Ma force me vient de tes prières. Mon esprit trouve le repos en pensant à toi, et maintenant, de rester ainsi, la tête contre ton cœur béni, réconforte mon cœur… Maman !… »


Jésus a attiré près de lui sa Mère, debout à ses côtés. Il est assis sur un coffre contre le mur, et appuie son front contre la poitrine de Marie, qui caresse doucement ses cheveux… C’est une attitude pleine d’amour.

Puis Jésus relève la tête et se met debout.

« Allons trouver les autres et la fillette » dit-il en sortant avec sa Mère dans le jardin. (...)"

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---> À mille lieux donc d'être ce que DGC insinue, c'est-à-dire ce "petit fi-fils à sa man-man" de maternelle pleurant dès qu'il voit sa mère venir le chercher, Jésus se montre bien au contraire ici le Consolateur de Marie sa Mère tellement affligée de son impuissance à Le faire aimer, d'être incapable de Le protéger contre ses ennemis, et se trouvant pour cela "une bien pauvre disciple" : ce à quoi le Christ réagit immédiatement par un débordement de tendre affection et de réconfort envers elle, en parole et en acte, afin de Lui montrer à quel point son Coeur est rempli de gratitude envers elle qui Le console plus que tous les autres réunis de l'ingratitude des hommes, et ne peut pas en faire davantage pour Le servir.
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DGC :
Nous avons déjà eu l’occasion de citer le passage où « Jésus » modifie le texte canonique de l’Évangile des noces de cana (Jn 2) pour y ajouter un « désormais » tout à fait absent des manuscrits les plus antiques : « Femme, qu’y a-t-il désormais entre toi et moi ? »

1). DGC semble être passionné par la vie de saint Bernard, servant même de guide pour faire visiter sa maison natale à …More
DGC :
Nous avons déjà eu l’occasion de citer le passage où « Jésus » modifie le texte canonique de l’Évangile des noces de cana (Jn 2) pour y ajouter un « désormais » tout à fait absent des manuscrits les plus antiques : « Femme, qu’y a-t-il désormais entre toi et moi ? »


1). DGC semble être passionné par la vie de saint Bernard, servant même de guide pour faire visiter sa maison natale à Fontaine-les-Dijons : mais un peu moins passionné par ses écrits, apparemment, sinon il les connaîtrait. C’est ce grand docteur de l’Église qui va lui-même lui répondre au sujet des noces de Cana :

« Mais qui ne se serait ému de la réponse qu’aux noces de Cana le Seigneur fit à sa très obligeante et très sainte Mère en lui disant : « Qu’y a-t-il à toi et à Moi, femme ? » Qu’y a-t-il à Toi et à elle, Seigneur ? N’est-ce pas ce qu’il y a au fils et à la mère ? Tu cherches en quoi tu la concernes, alors que tu es le fruit béni de son sein immaculé ? N’est-ce pas elle qui t’a conçu en toute pureté et mis au monde sans corruption ? N’est-elle pas la femme dans le sein de qui tu es resté neuf mois, dont les virginales mamelles t’ont allaité, en compagnie de qui Tu es descendu de Jérusalem alors que Tu avais douze ans, et à qui Tu étais soumis ? Mais en ce moment, pourquoi lui fais-Tu de la peine en disant : « Qu’y a-t-il à Moi et à toi ? » Il y a beaucoup, et sous tous rapports. Mais déjà je le vois avec évidence, ce n’est pas dans un mouvement d’irritation, ni dans le dessein de troubler la délicate modestie de la Vierge ta Mère que Tu as dit : « Qu’y a-t-il à Moi et à toi ? », puisqu’au moment où les serviteurs se présentent devant Toi pour obéir à ta Mère, Tu n’hésites pas un instant à accomplir ce que cette mère a suggéré.
Dans quel but alors, frères, dans quel but répondait-Il tout d’abord de cette manière ? C’est pour nous, à n’en pas douter, POUR QUE DÉSORMAIS le souci de la parenté charnelle ne trouble pas ceux qui se sont donnés au Seigneur, et que de telles préoccupations n’entravent pas le travail spirituel. (…)
( Saint Bernard, « Écrits sur la sainte Vierge » Médiaspaul p.123-124)

Bien avant Maria Valtorta, saint Bernard explique déjà cette réponse évangélique apparemment abrupte, voire carrément impolie et irrespectueuse de Jésus à sa Mère, propre à peiner celle-ci, par un « désormais » : il y a tout de Lui à elle, mais désormais les liens de la chair qui les unissent si tendrement jusqu’à la mort seront subordonnés à sa Mission qui passera en premier. Marie le comprend bien, et désormais nous aussi.

2 Le désormais est donc bien sous-entendu dans le texte de saint Jean : il ne dénature en rien le sens de la phrase du Christ, et permet au contraire de le préciser admirablement, comme Jésus en donne l’explication limpide dans ce passage de l'EMV.

3. Jésus doit désigner par « traducteurs » tous ceux qui, après sa Résurrection, ont parlé de l’épisode des noces de Cana, saint Jean étant le seul et unique d’entre eux à l’avoir fait par un écrit qui nous soit parvenu. Effectivement, l’apôtre bien-aimé ne mentionne pas ce « désormais », et cependant : c’est toujours avec la nuance qu’apporte ce mot que ce passage a été lu et compris depuis 2000 ans. Il est donc fort possible et probable, quoi que personne ne soit obligé d’y croire, que la phrase originelle du Christ contienne cet adverbe.
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Version 2024